Tout le monde en parlait et je ne disais rien
Mes larmes se répandaient écoutant sa musique
Il y a si longtemps ; ses poèmes étaient miens
A chacun de ses mots j’étais mélancolique.
Il est parti, peut-être pour un monde meilleur,
C’est ainsi que l’on dit, mais son œuvre subsiste,
Chaque jour qui passe j’entends pour mon malheur
Sa voix qui m’envahit et qui encor m’attriste.
Ses chants si merveilleux ses complaintes si belles
Berçaient ma jeunesse. Que n’ai-je encor vingt ans
Pour écouter joyeux la voix de ce rebelle
Sur un quarante-cinq tours qui n’a duré qu’un temps ?
Sa plus belle chanson, dont je tairai le titre,
Est un grand cri d’amour, à la femme, à la vie.
En d’autres chants parfois, s’il évoquait un pitre
C’était pour mieux bannir la bêtise ou l’envie.
Poète universel, cet humain si fragile
Toujours nous rappelle la vanité des choses
Et combien nous sommes que pauvres imbéciles
Dans nos guerres, nos cris, dans l’ardeur de nos causes.
Comment ne pas pleurer la perte du talent
Qui en deux simples mots ouvrait si grand les portes
De mondes si vivants ? Humez les grands relents
Des gens qu’il exhibait, que Satan les emporte !
Il hurlait dans ma tête, des vérités premières
En français, en flamand, et j’étais étourdi
Par ses mots si brûlants qui n’avaient de frontière
Que des cœurs trop blasés, des âmes endormies.
Je t’aimais tant poète, et tant je me lamente
Ton absence est douleur et ta mort m’a spolié.
J’ai tant besoin encor d’entendre la tourmente
De tes allégories qui me tiennent éveillé.
Aux limbes lyriques, je te retrouverai
Nous chanterons ensemble au-delà du trépas
Des hymnes à l’amour qui seront censurés
Par des anges déchus qui ne comprendront pas.
décembre 2005