Ponte Corvo le 22 Mai 1944
Maman, si je t’écris du sud de l’Italie, dans un village en ruines près de Ponte Corvo où je suis au repos avec ma compagnie, c’est qu’au prochain assaut sur Monte Cassino nous monterons bientôt, peut-être bien demain.
Comme tous les copains, ce soir je pense aux miens… A toi surtout maman qu’un jour j’ai dû quitter pour rejoindre l’Afrique et la 2e DB.
Tu n’as bien sûr rien dit mais j’ai compris depuis qu’en choisissant Leclerc c’est toi que j’ai trahie.
Me fallait-il partir ou rester et subir cette botte nazie au point de me haïr ?
Si je ne reviens pas de ces foutus combats, si mon destin choisit cette fois l’au-delà, sait-on jamais maman, si par hasard je meurs, si tu parcours ces mots qui m’arrachent le cœur, tu sauras ce jour-là que ce sont les adieux de ton petit dernier qui détestait la guerre.
Pardonne-moi, maman, je n’avais pas le choix…
Embrasse les frangins, c’est dur d’être si loin.
Adieu petite mère et prends bien soin de toi…
Ton fils, Henri...
"Il mourut en soldat un beau matin de Mai
Et bien longtemps après on remit à Mémé
Son vieux porte-monnaie et la lettre pliée,
Qu’envisageant le pire, il avait préparée"
Octobre 2012