Voici quelques éléments de base glanés sur le ‘net’. J’imagine que les puristes vous diront que c’est un peu léger... Rien n’empêche à celui ou celle qui le souhaite, de les compléter. L’invitation est lancée !
Haïku, keskedonk-cela ?
Un Haïku est un poème très bref, un tercet comprenant en principe 17 syllabes (5/7/5) et contenant une référence à la nature (appelé "kigo"). Considéré au Japon comme l’art du détail, il exprime un fragment de vie, un souvenir, un rêve, une sensation immédiate.
S’il semble anodin, on considère "réussis" les plus sobres et précis, ceux qui font naître chez le lecteur une émotion ou l’entraine dans la réflexion (la méditation ?).
Pour les puristes, le haïku ne doit pas décrire mais évoquer et c’est au lecteur qu’il revient de se créer sa propre image.
Un poème concret, une poésie des sens et non des idées.Ce qui nécessite, sans doute, un certain ‘détachement’ de l’auteur. Le haïku est une sorte d’instantané, né d’un moment particulier, d’un ‘flash’.
Il nous arrive d’écrire des textes au départ d’un moment éphémère, soudain, unique. Le défi du "haïkiste" est de ne rapporter que le "flash" et d’essayer d’en garder la force évocatrice. Il n’exclut cependant pas l’humour, les figures de style, mais tout cela doit être utilisé avec parcimonie. Il ne s’agit pas non plus d’une phrase répartie sur trois lignes, le haïku procède par une notion de césure (appelé "kireji"), c’est en quelque sorte un bouquet d’image qui crée l’émotion et non une phrase construite.
Ces règles peuvent être transgressées et il n’est pas rare de trouver, même chez les auteurs classiques, des haïkus n’y répondant pas. A condition toutefois de veiller à ce que de l’ensemble se dégage un "esprit haïku". Je n’en ai pas encore trouvé la définition, mais cela procède du ’vécu’, du ’ressenti’, de choses impalpables.
Par contre la structure court-long-court est généralement respectée.
En voici quelques exemples trouvés sur le net. Le premier, que j’adore, est de "Moritake" (la traduction ne respecte pas la règle des 5/7/5) :
Une fleur tombée,
Remonte à sa branche.
Non, c’est un papillon !
Ou ceux-ci, mais l’article de dit pas qui en sont les auteurs :
Première neige cette nuit.
Mais la trace de tes petits pas est absente.
Ce temps-là est loin !
Sous le vent d’un soir de novembre,
la balançoire du jardin berce toute seule...
Ce que fera celui des deux qui restera.
Autre forme amusante : le TANKA.
Le tanka classique est toujours considéré au Japon comme la forme la plus élevée de l’expression littéraire. C’est le genre poétique classique le plus ancien. On en recense 4.170 dans le Manyôshû, une anthologie poétique compilée vers 760 (!).
Poèmes lyriques, exquis, raffinés, les tanka (sans s, reste un mot invariable) explorent les sentiments dits ‘nobles’ : amour, solitude, mort, selon un ensemble de règles sophistiquées (ici aussi, je devrai chercher et/ou vous inviter à compléter).
S’ils n’ont pas de rimes, ils sont construits en deux parties, la seconde devant, idéalement, soutenir, répondre, relancer ou compléter la première, qui est un genre de Haïku (en principe 5/7/5), la deuxième étant un ‘distique’ de 14 syllabes (7/7), ou vice versa.
Si ces deux parties sont généralement écrites par un même poète, il n’est pas rare de voir des tankas écrits par deux poètes.
Nouvelle invitation ...!
Exemples de tanka japonais classiques
(la traduction ne respecte malheureusement pas la règle des 5/7/5 et 7/7).
À quoi comparer,
Notre vie en ce monde ?
A la barque partie,
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage.
Manzei.
Les arbres eux-mêmes,
Qui, pourtant ne demandent rien,
Ont frères et sœurs.
Quelle tristesse est la mienne
De n’être qu’un enfant unique !
Ichihara.
Au printemps,
Où gazouillent des milliers d’oiseaux,
Toutes choses,
Se renouvellent,
Moi seul vieillis.
Anonyme.
L’éclair est fugitif,
Qui illumine les épis,
Des rizières d’automne.
Même pour un instant aussi court,
Je ne saurais t’oublier.
Anonyme.
Contre toute raison,
Que je sois endormi ou éveillé,
Mon amour me poursuit.
Si mon cœur,
Savait trouver l’oubli !
Anonyme.
Parce qu’en pensant à lui,
Je m’étais endormie,
Sans doute il m’apparut.
Si j’avais su que c’était un rêve,
Je ne me serais certes pas réveillée.
Ono no Komachi.
À mon grand regret,
Je ne puis me partager en deux.
Mais, invisible,
Mon cœur vous suivra,
En tous lieux.
Ikago no Atsuyuki.
Je ne t’oublierai pas !
M’avait-elle assuré,
En me disant adieu.
Depuis cette nuit-là, seule la lune,
Suivant son cours, est revenue.
Fujiwara no Ariie.
Alors, le plumes, n’est-ce pas tentant de s’y essayer ?