Quelle nuit.... Encore une fois ma sœur s’est montrée sous son plus mauvais jour et elle a bu plus que de raison. Heureusement que j’étais là, sinon, dieu sait où et avec qui elle aurait terminé sa nuit. Je ne sais pas comment le lui dire, il faut qu’elle arrête de se comporter comme une vulgaire gourgandine. Tout ça par réaction à l’éducation stricte que nous impose maman et parce que elle est la seule « brune » de la famille. Le vilain petit canard comme elle se plaît à le répéter.
Pourtant ma sœur est adorable et presque tous mes copains en sont amoureux, mais elle ne voit rien, butée comme elle l’est. Elle s’habille comme un cageot, ne se coiffe ni ne se maquille et histoire de se faire détester un peu plus, toutes les occasions sont bonnes pour qu’elle se comporte mal. Elle rote après avoir ingurgité ses bières, elle braille, elle pète, pire qu’un marin du port d’Amsterdam. Ensuite, le lendemain, les yeux bouffis, la mine défaite, l’haleine putride, elle se déteste encore plus.
Je ne sais pas comment, mais les parents ne se sont encore jamais aperçus de rien, ou alors ils ne le montrent pas. A chaque retour de soirée, c’est pareil, Betty se lève du mauvais pied et fait tout à l’envers. Ce matin, j’ai bien tenté d’aller lui parler dans la salle de bains et je me suis fait jeter comme un malpropre. Elle croyait que je venais l’asticoter comme je le fais si souvent pour la taquiner et quand je l’ai entendue s’exclamer :
Bryaaan ! It’s raining today ! Where is my umbrella ?
J’ai compris sur le champ, qu’elle avait confondu le bruit de l’arrosage automatique sur les vitres de sa chambre avec une pluie diluvienne. Celui-ci s’était mis en route tôt ce matin à cause de la chaleur estivale qui règne depuis plusieurs jours et alors qu’il est à peine 8h, un soleil de plomb est déjà bien haut dans le ciel.
Histoire d’en rajouter encore plus et de lui jouer un bon tour, je filais dare dare dans ma chambre pour enfiler le parfait costume du surfeur hawaïen.
Ouf juste à temps...
Betty venait d’apparaître, habillé comme en hiver ou presque et alors que je lui tendais, hilare, son parapluie, maman en rajoutait une couche en reprenant à la volée l’accent effroyable de ma sœur.
La porte d’entrée se referma sur l’humeur maussade de Betty, ce n’étais pas encore aujourd’hui qu’elle prendrait un coup de soleil et la journée au lycée allait lui paraître longue, très longue avec son manteau et son parapluie...
Voilà ce qui se passe quand on a la brume attitude le matin....