Voilà des semaines que j’attends ce moment.
Avec ses mots et ses textes. Elle a enflammé mes sens. Chaque nuit, je rêvais d’elle, d’être le visiteur, son terrain de jeu, de jouer avec son corps une symphonie de plaisirs.
J’ai craqué, me suis inscrit sur son forum, lui montrant mon admiration pour ses écrits. De commentaires en réponses amicales, j’ai osé lui adresser un mail. Lui dévoilant avec pudeur les effets de son charme. Je n’osais espérer une réponse aussi taquine.
J’étais piégé, mon instinct de chasseur réveillé.
Nous avons entamé une correspondance comme un jeu de chat et de souris. Un tango de caractères. Je guettais chaque mail, le lisais et le relisais.
Elle m’agaçait, j’avais l’impression qu’elle lisait en moi. Elle ne répondait à mes questions que quand elle le voulait, me mettant dans des rages folles, m’obligeant à changer de stratégie, à tenter une autre approche, mais à peine croyais-je qu’elle s’était laissée prendre, que par une pirouette elle s’échappait des filets que j’avais soigneusement tendus.
Plus le temps passait, plus je la voulais !
Alors un matin après une énième nuit blanche à l’espérer près de moi, j’ai tenté le tout pour le tout, j’ai demandé à la rencontrer et envoyé mon numéro de portable.
Quelques minutes plus tard, un sms, un rendez-vous !
Voilà pourquoi, je fais les cent pas sur le quai, troisième pont en partant de la gare, passerelle de bois. Mon portable à la main, vibreur et sonnerie au maximum.
J’attends.
Un bruit de bottines derrière moi. Je me retourne. Elle se tient là devant moi, ses yeux rieurs me narguent, son corps est à portée de ma main, mais je ne peux la toucher.
L’échancrure de son corsage dévoile l’arrondi d’un sein doré orné d’une fine dentelle blanche. Cette couleur qui d’habitude ne m’excite pas, là, focalise mes pensées, je ne sais pourquoi, je ne pense qu’à une seule chose, y plonger mon visage, m’enivrer de son odeur sensuelle.
Quand les sonorités de sa voix viennent chatouiller mon oreille, je sens mon corps réagir, me trahir, moi l’homme à qui aucune femme n’a jamais réussi à tenir tête aussi habilement, avec autant d’audace.
Nos pas nous mènent à la terrasse d’un café. Un parfum doux et capiteux traine dans son sillage. Nous nous asseyons, commandons un café et un chocolat.
J’essaie de reprendre le contrôle, elle se laisse faire, et elle recommence à me provoquer.
Elle passe la pointe de sa langue pour essuyer un peu de mousse du chocolat chaud qu’elle déguste à petites gorgées. Ce simple mouvement serait banal chez une autre, mais elle le fait avec la sensualité d’une femme épanouie. Ses yeux plongés dans les miens, comme un défi !
A ce stade, je ne sais même plus ce que je bois, c’est à sa source que je rêve de me désaltérer, de me plonger, de me perdre corps et âme, après un très long corps à corps.
Nous bavardons, arpentons les ruelles piétonnes, pénétrons dans un jardin, passons sous une tonnelle. Personne.
Alors, n’y tenant plus, je l’enlace avec mon bras par la taille et relève son menton de mon autre main. Avant qu’elle puisse se dégager, je goutte ses lèvres en un long baiser passionné. Elle gémit, presse son corps contre le mien, balayant mes dernières retenues. D’une voix rauque, je lui dis : « Belle sirène, je te veux ! ».
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Sacrée Chipie
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