« Oh ! Combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ! »
(à suivre dans « Oceano Nox, V.Hugo)
Oh ! Combien de pilotes, de mécanos, d’experts comptables, d’avocats marrons ou marris, de docteurs tout en douleurs, d’équarrisseurs & frères, de plombiers, de flingueurs, de boulangers, de garagistes, d’orthodontistes, de matons, de bachi-bouzouk*, d’anthropophages*, d’anthropopithèques*, de papa-tango-charly, de taxidermistes, de ratons laveurs, sans doute aussi, ..., se sont échoués sur ses doux rivages s’écriant "Dieu que la mer est belle, et qu’il est doux de s’asseoir au bord d’elle"
*=on ne peut parler de capitaines, sans rendre hommage à Archibald Haddock ! Non d’un Milou !
Oh !Combien d’entre eux...?
Moi-même, je le confesse, je suis assez aventurier, un explorateur/amateur pourrait-on dire, grand amateur, cela va sans dire.., au point où il m’arrive encore parfois, mais oui, de partir à la recherche des sources secrètes de la vie... Peu de préparation en définitive, la spontanéité n’est-elle pas de mise ?
Et puis, j’ai le temps alors, en général, ben, je tourne en rond et j’aime ça...
Et c’est ainsi que je me revois contourner un col élancé, abrupt et palpitant, mais d’une délicatesse à couper le souffle, en faire prudemment le tour, délicatement, du bout des lèvres, gravir une joue au grain si doux que j’en frissonne encore, me diriger en silence vers un lobe nimbé par la lueur de la lune, sans faire de bruit, suivre un circuit tortueux...
Là, ami voyageur, faut prendre son temps, beaucoup à faire... Susurrer quelques prières païennes pour amadouer la Gardienne du temple, seule alternative si l’on espère le voir s’entrouvrir...
Descendre, prudemment, je le répèterai c’est important, se faufiler dans le défilé des gorges jumelles, si l’on est fatigué, ne pas hésiter à y faire une pause, la joue posée sur cette joue laiteuse si généreusement offerte, écouter le tam-tam, attendre le signal de la remise en route, reprendre la descente, lentement mais sûrement, s’avancer vers le rebondi du tiroir à malice, s’y attarder un peu, sans exagération, ne pas confondre gratouille et chatouille (je tiens ce conseil d’un vieux doc. un peu Knock-Knock), je préconise moi l’émoustille, pas mal aussi.. je l’ai tellement... que mes mains s’en souviè-ènnent...
Là, le cas échéant, ne pas hésiter à pic-niquer au petit puits de la séparation originelle, la vision panoramique (360°) y est splendide. Après le déjeuner, éviter le traditionnel rôtôtô ou tout autre bruit incongru ! Très très mal venu dans cette plaine épurée où frisent, à peine, quelques doux-duvets annonciateurs d’autres surprises bien plus affriolantes encore...
Reprendre la descente, en-corps, s’aventurer sur les sentiers parallèles, doucement mais plus fermement, avancer peu à peu, peau à peau, masser quelques chevilles fatiguées par l’expédition, ne pas oublier de délier les orteils, délier la langue peut aider ou alors un simple baisé aspiré fait merveille en cas de crampes.
Pause.
Lever la tête aux cieux, témoigner tout le respect dû au paysage féérique ainsi dévoilé, se rappeler la promesse faite à la Gardienne de prendre soin de l’écologie fragile de cette nature sauvage et enivrante...
Ne pas craindre la remontée, au contraire l’appréhender en déployant des trésors d’imagination et de douceur pour arriver au bout de ces longues allées droites, si droites qu’elles vous conduiront, si vous les honorez, inexorablement à d’autres découvertes, à des plaisirs bien peu enfantins..
Au passage, ne manquez pas de remarquer la vue unique que l’on a sur le ‘mont du triangle’, soyez prudent, il est sous la protection de Vénus et elle ne tolère aucun débordement intempestif... Regardez, on le dirait enneigé, comme moulé dans une toile à la fois fragile et protectrice... Attention danger, retenir son souffle, qu’arriverait-il si la neige fond trop tôt ?
Prudence ! Va pas trop vite par là mon gars, encore plein d’autres facettes à découvrir, remonter par la face Nord, effleurer, mais à peine, la couverture neigeuse, juste pour titiller son impatience...
Préférer la voie Nord, souvent négligée, pour échapper un temps à l’éblouissement de ce mirage halluciné.
En passant, n’oubliez pas de répondre poliment aux fossettes-typiques qui rendent le siège si souriant...
Et toujours, écouter le tam-tam, seul le bruissement de la jungle doit guider vos pas, vos mouvements.
Reprendre la descente aux envers (ou autre endroit, si souhaité, c’est vous qui voyez...)
Laissez vous aller, le tam-tam sait ce qu’il fait, il est à la fois le conseiller, le gardien et la clé qui vous permettra de rentrer ou de sortir ou de revenir ou de retourner, qui vous dira, où et comment aller et venir, .., au rythme souhaité par la bergère en réponse au bâton du berger, éperdu dans le temple sacré...
"Oh ! Combien de marins, combien de capitaines,
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce mol horizon se sont évanouis !"
Impossible de compter ! Vous pensez bien ! Nous étions là, des cent et des mille à contempler aussi la lune pleine..
Ne sommes-nous pas, Messieurs, (presque) TOUS tombés à genoux, devant tant de grâce et de mystères combinés, perdus, à jamais perdus, dans le triangle des Bermudes...
Alors enfin, repus comme un enfant gourmant peut l’être, poser ma tête au creux de ton ventre, mon amour, et m’endormir sereinement en écoutant la mère...
PS :
Pour (re)découvrir un VRAI BEL hommage, je vous invite à (re)lire « le blason » de Georges Brassens...
Bel hommage s’il en est à "l’origine du monde"