Il faut dire que je suis dans état semi comateux depuis que les hommes du feu sont venus me chercher. Après mon dépôt de gerbe en hommage aux sushis du midi non digérés, je me demande ce qui se passe. Je vois toujours double et ça me donne le vertige. Si j’essaie de marcher j’ai l’impression que le sol se dérobe sous mes pas et c’est comme si je marchais sur un sol mou. Tout, autour de moi est une immense structure gonflable sur la quelle il est impossible de tenir en équilibre malgré toute ma bonne volonté. Extérieurement je fais le fier, j’essaie de faire bonne figure du mieux que je peux. Avec la chemise débraillée, les cheveux collés par la sueur, la forte odeur corporelle qui émane de mes aisselles, le teint pâle, l’haleine de bouc et les yeux de poisson rouge japonais, j’ai du mérite si on croit que je vais bien. Et pourtant, je minimise la gravité de mon état, je me raccroche à l’idée que ce que j’ai mangé ce midi n’est pas passé, ce qui avec la chaleur estivale ne paraît pas plus farfelu qu’autre chose, heureusement que je n’ai pas bu une seule goutte d’alcool, pour le coup on me prendrait pour un vulgaire poivrot.
Alors tu en penses quoi ? Demande le médecin à la jeune femme qui vient de le rejoindre ?
Je ne sais pas, ce n’est pas net, on dirait que c’est l’œil droit, non ?
mmh
Monsieur, regardez bien mon stylo, en haut, en bas, à gauche, à droite.
Non c’est le gauche, regarde bien, il a du retard.
Et toi tu en as du retard ? Me dis-je in petto ? Bon ils commencent vraiment à me gonfler et si je tournais de l’œil une nouvelle fois ? Allez, j’y vais...
Monsieur, restez avec nous. Ca ne va pas ?
Ils ont de ces questions, bien sur que tout va. C’est bien connu qu’aux urgences on ne voit que ça, des biens portants et je vais très bien merci.
Allongez-vous et fermez les yeux. On vous laisse tranquille le temps de vous remettre.
Ouais, c’est ça.... Faites moi mourir à petit feu bande de sadiques. A peine me suis-je allongé que déjà on vient de nouveau me gonfler. Cette fois-ci c’est une brune plutôt sèche (elle doit être la fille de Justin Bridou... La juste sèche) qui vient me secouer.
Suivez-moi, on va vous faire un bilan ophtalmique. Je me doute bien que c’est pas gynécologique, c’est pas dieu possible, je suis chez les fous.
Je lui réponds du tac o tac :
Je prends mon ticket où ?
Pas de ticket avec moi, on y va direct !
Le problème c’est que je suis bien incapable de la suivre. Soit j’ouvre les yeux et je fais tourner manège, soit je les ferme et je me cogne partout.
Ça va pas le faire lui dis-je, je ne me sens pas bien.
Bon restez assis je vais vous chercher un fauteuil
Aussitôt dit aussitôt fait ! La revoilà 5 secondes plus tard avec ledit fauteuil à roulettes. Aimablement elle me soutien pour m’aider à me caler dans l’engin qui se dérobe sous moi. Je ferme de nouveau les yeux, j’ai l’impression de ne faire que ça depuis quelque temps. C’est de la gymnastique Suisse pour paupières fatiguées : Leveeeeeeez, Baisseeeeeez, leveeeeeeez, baisseeeeeeeez, et cela à un rythme infernal d’au moins un battement toutes les dix minutes. L’autre œil maintenant. Comme un con je me marre silencieusement, égoïstement même, en repensant à cette vieille blague éculée de Coluche. Je n’ai pas le temps de me divertir plus longtemps, nous sommes déjà arrivés devant l’engin de torture préféré des ophtalmos. L infirmière me fait asseoir et me demande de poser le menton sur un support tout en appuyant le front contre une sorte de casque. Il y a une poignée qui traîne, j’en profite pour la saisir de la main droite. Merde, loupé. Je regarde du coin de l’œil et comme par magie, voilà qu’il y a 2 poignées maintenant et c’est tant mieux car j’ai aussi 2 mains droites désormais. Je recommence mon opération et je balaye l’espace devant moi dans un grand mouvement ample pour être sûr de saisir cette (ces) foutue(s) poignée(s) vitale(s) à mon équilibre. C est bizarre, pourtant j’étais sûr de mon coup, au lieu de saisir la poignée, je fais valser je ne sais quoi qui n’était pas là juste avant. Ils n’avaient qu’à ranger leurs affaires après tout. Finalement à force de tâtonnements j’arrive à saisir le manche qui me tend les bras et je m’y agrippe comme Ulysse l’a fait lorsqu’il a voulu écouter le chant des sirènes. Pour l’instant la sirène en face de moi à plus l’air d’un dragon qu’autre chose, de plus elle me demande de lui faire des trucs qui paraîtraient obscènes dans le Kama sutra.
Ouvrez bien les yeux et ne bougez plus, je vais mesurer votre pression oculaire.
Docile je m’exécute, bien que cela soit un vrai supplice. Dès que j’ai les mirettes écarquillées, c’est tout mon environnement qui devient éparpillé. Je discerne un truc qui ressemble vaguement à une jumelle qui s’approche de moi, j’ai un clignement instinctif des yeux et immédiatement le cerbère en chef me rappelle à l’ordre.
Gardez vos yeux bien ouverts monsieur.
Tu parles, je voudrais l’y voir à ma place, elle ne se rend pas compte à quel point c’est difficile pour moi ?
Aïe !
La salope, elle vient de me perforer les rétines avec sont truc. Merde ça fait un mal de chien. La douleur me fait bondir en arrière et je manque de me retrouver le cul par terre. Heureusement que je tenais ferme le manche, sinon je me vautrais.
Hé, lui dis-je, ça fait mal.
Vous être trop douillet.
Peut être mais je ne suis pas David.
David ?
Douillet, David, les pièces jaunes....
Je me sens obligé de lui préciser car décidément elle ne me paraît pas très futée. Tortionnaire sans cervelle, me dis-je (ça y est je recommence à soliloquer), c’est bien ma veine.
Au moins vous n’avez pas perdu votre sens de l’humour.
L’humour n’a pas de sens.
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Episode 4
Non AVC, ne signifie pas :
Amateur de Vierges Con Cul Pissantes...
Association des Velus Chauves
Appendice Vraiment Chaud.