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L’I.R.M que certains appellent aussi imagerie par résonance magnétique, savez-vous vraiment ce que c’est ?
Moi, non.
J’en avais oui (du verbe ouïr) à plusieurs reprises (chose à ne pas faire pendant les soldes qui, elles, ne sont ni reprises, ni échangées). Donc disais-je, l’I.RM. Dont j’avais oui (là encore rien à voir avec les écoutilles à poisson) et qui n’est pas non plus une Inspection Rectale Manuelle, ne vous raie jouissez pas trop vite. Nonobstant, le fait d’avoir une vision double sans pour autant être muni du moindre don de double vue, sinon j’aurais pu pré voir ce qui allait m’arriver, n’est-il pas ?
Voilà donc qu’on allait me faire passer un examen normalement réserver à l’élite de la population hospitalière. Rien à voir avec une banale radio ou une échographie qui sont à l’imagerie médicale ce que l’aspirine est au traitement de la diarrhée aiguë. Même le scanner fait figure de gadget au regard du top of the pop de l’investigation médicale. Donc, pour faire court, on allait me faire un I.R.M voilà qui me propulsait du rang de simple admis patient aux urgences à celui de V.I.P de la gente hospitalière. Au pays des 15/20 j’étais le roi.
Le préposé au brancardage était comme ses congénères du genre bicéphale à tendance pieuvre, il possédait un nombre impressionnant de membres que je renonçait rapidement à compter tant ceux-ci étaient mobiles. Quelque part je trouvais cela rassurant, car au moins cela me laissait supposer, une certaine dextérité de sa part. Cet être étrange venu d’une autre planète se montra à la hauteur de ses compétences supposées et en moins de temps qu’il n’en faut à un cyclope pour regarder de travers, nous arrivions à destination.
Et quelle destination !
Je ne sais pas à quoi je devais m attendre, mais là, ça dépassait tout entendement. C’est comme si je me retrouvais dans une ruelle male famée... Couloir sombre et bas de plafond, peinture gris beige poussière, écaillée à de multiples endroits avec quelques courants d’air glacials. S’ils avaient l’intention de me fiche les pétoches, leur plan fonctionnait à merveille, l’ambiance qui régnait en ces lieux était pire que tout ce qu’aurait pu imaginer un Stephen king. Je me retrouvais seul, abandonné avec mon angoisse dans cet antichambre des enfers, mon brancardier pieuvre s’étant éclipsé, évanoui, enfui sans un mot, me laissant seul en pâture de je ne sais quel nouveau monstre bicéphale qui je le sentais n’allait pas tarder à surgir pour m emporter en ricanant lugubrement.
Retirez votre montre, vos bijoux et vos lunettes, me dit alors une femme d’une voix que je trouve tout juste aimable.
Surpris, j’obéis sans discuter, vu mon état je ne suis pas en mesure de parlementer de toute manière.
Avez vous un pace maker ?
Heu.... Non pourquoi, vous allez m’en poser un ? Tentais-je de répondre avec humour en me tordant le cou pour essayer d’apercevoir la voix qui me parle.
M....e me dis je en moi-même, voilà que ça recommence à tourner, pourtant depuis quelques minutes, j’avais la nette impression que mon trouble visuel semblait se stabiliser.
Ne vous agitez pas, tout va bien se passer !
La voix cette fois-ci est un poil plus aimable. Je souris bêtement, en tentant une nouvelle fois de distinguer son/ses visages, car nul doute une fois de plus, que la propriétaire de la voix fait elle aussi partie de la famille des mutants multi-céphales qui ont subitement envahi mon univers.
Gagné ! C’est bien un monstre à 2 têtes qui se tient à coté de moi, et quand je dis monstre, le mot est faible par rapport à ce que je découvre...
Je retiens tout juste un cri d’effroi en découvrant ce qui ressemble à un tricératops !
Un tricératops doté de la parole, je n’y aurais pas cru si on me l’avait raconté. Et pourtant c’est bien à cela qu’elle ressemble, sa peau est grise et comme parcheminée, sa tête ornée d’une collerette en écaille et le pire c’est son espèce de longue corne sur le front et ses naseaux fumant. Je sais vous allez penser que c’est exagéré, mais je le jure devant dieu, enfin devant deux, car le pire, si je puis dire, c’est qu’elle était double et d’autant plus monstrueuse. Pris de panique devant cette vision cauchemardesque, je décidais à l’unanimité de fermer les yeux afin d’échapper à cette réalité infernale. J’ai du fermer plus que les yeux, car à peine mes paupières closes, une main énergique me secoue :
Monsieur, restez avec nous, ça va aller, ne vous inquiétez pas.
Elle est marrante le dinosaure, je ne dois pas m’inquiéter alors que depuis quelques heures je vis un truc total délire digne d’un film d’horreur. Et puis où croit-elle que je peux aller ? Je suis bien incapable de me mouvoir seul et si jeune mabuse, je n’ai pas encore passé mon permis de canne blanche. Soudain un trait de génie me transperce l’esprit.
Je récupère quand mes objets personnels ? Dis-je
Après l’examen, pas de panique, je vous les rendrais personnellement.
Justement c’est bien cela qui me préoccupe, mais j’évite soigneusement de le lui faire savoir, de crainte qu’elle ne disparaisse vraiment avec ma montre Ferrari, qui est avec ma collection de CD de Michel Polnareff mon bien le plus précieux.
Ma sacoche, où est ma sacoche ? réponds-je, au lieu de ça dans un second éclair de génie. Comme quoi après avoir épongé, il faut toujours réponger, proverbe de serpillière. Mais bon, voilà que je m’égare de nouveau, décidément je ne suis pas dans un état normal, si tant est qu’un jour je le fût de chêne.
La cerbère en chef, m’informe presque aimablement que la dite sacoche est conservée aux urgences et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Sur ce, elle empoigne vigoureusement les poignées du brancard et nous franchissons une porte à double battant donnant accès, me dis-je (de nouveau), au saint des saints. Allongé sur le dos, avec les yeux mi-clos, c’est-à-dire dans mon cas que j’ai l’œil gauche fermé et le droit ou vert (enfin marron chez moi), sinon j’aurais employé (à mi-temps) l’expression les yeux à moitié fermés mais compte tenu de mon état, mes yeux étaient mi-clos et je ne distinguais que vaguement le plafond et celle qui me servait de co-pilote dans cette aventure rocambolesque. Comme je suis myope d’un œil (le droit, pour ne rien vous cacher) sans lunettes, je la trouvais presque belle dans le halo flou qui l’entourait et je commençais à oublier mes visions cauchemardesques précédentes. Je décidais de me laisser faire, comme l’effet. Car il faut toujours laisser l’effet se faire pour l’effet se fasse, à moins que ça ne soit : il fait laisser l’effet sphère, pour que l’effet s’efface ? Non, ce n’est pas encore ça, mais je vous laisse le soin de deviner ce qu’il faut laisser faire, après tout pourquoi j’irais me décarcasser pour vous ? J’ai bien d’autres sujets de préoccupations et celui qui se présentait à moi était cet I.R.M.
Comme dit un peu plus haut, j’avais juste oui dire et vaguement entraperçu l’engin et ce pourquoi il était fait. N’étant pas claustrophobe de nature, me retrouver allongé dans un tunnel me faisait ni chaud ni froid et je ne ressentais aucune espèce de tension particulière à ce sujet. Bizarrement cela ne semblait pas être le cas de ma tortionnaire, qui, comme par magie venait de passer du statut de dragon à celui de fée du logis. Car comme chacun le sait chez les fées il y a plusieurs catégories et comme nous avons un peu de temps, je me permets de vous livrer ci-dessous quelques unes de celles-ci.
Commençons par les principales :
Les Fées Mères, les reines de l’illusion. Les scies reines des océans étaient les plus connues.
Ensuite les maléfiques.
La Fée Brile, qui souvent brile par son absence...
La Fée Mal, qui confond batte de base ball et baguette magique.
Suivies des purges.
La Fée Cale, souvent la première comme entrée en matière.
La Fée Selles, plutôt cavalière et pourtant très à cheval quand il s’agit du trône.
Les Fées Sphères, toujours par paires avec un grand laisser aller.
Sans oublier les infirmes hier.
Les Fées Ralgan, blanches comme des cachets.
La Fée Morale, qui n’emprunte que les grandes artères pour se déplacer.
Les Fée Mures, deux vieilles à la colle.
Et dernière catégorie.
Les Fées Minets, qui ne sont en réalité que des matous vus.
fin provisoire.