A cette lointaine époque de ma jeunesse, je passais l’essentiel de mes week-end et de mes congés dans la jolie contrée des moulins à vent. Non pas que je me sois pris pour un Don Quichotte des pays flamands, mais simplement parce que j’y avais découvert des charmes auxquels il était difficile de résister. Mais cela n’est pas le propos, le propos est de vous narrez comment des Pays-Bas, j’ai atterri en Suisse en compagnie de Jane (une écossaise), Suzi (une Suissesse de Berne) et ... je ne me souviens plus du prénom de la troisième, cousine de la seconde par ailleurs. En plus de ces trois personnes dont vous avez aisément deviné qu’elles étaient du sexe opposé au mien, nous étions accompagné d’un panel de joyeux lurons, Serge, Joël, Jean-claude et Dominique. Et c’est bien là que le bât blesse, nous étions quatre, elles étaient trois. Mais encore une fois je met la charrue avant les bœufs, car avant cela...
Désolé, la suite sera pour une prochaine fois, car il signore brancardier, E Pericoloso de par sa mère, Sporgersi de par son père venait de se pointer et subitement tout sembla s’accélérer, la situation elle-même paraissant s’améliorer. Je remontais en 2 temps 3 mouvements aux urgences. On m’installa au calme et on me rendit par la même occasion ma précieuse sacoche que j’avais un peu oubliée. Je tentais de me reposer un peu et de reprendre mes esprits en récapitulant les évènements de cette journée pour le moins mouvementée. Entre le SFR mobile data tour avec le show de Laurence, ensuite le mini salon avec tous les partenaires SFR, puis le buffet du midi sous une chaleur croissante et pour finir le retour au bureau avec cette saleté de clim que le patron ne se décide toujours pas à réparer, malgré mes relances répétées avec en bouquet final mon léger malaise, causé sans doute par les sushi qui ne passaient pas, ma journée avait bien remplie et je méritais un peu de repos. Avant de me laisser aller dans les bras de Morphée, j’eus la velléité de vouloir regarder l’heure car j’avais perdu toute notion du temps et il pouvait bien être 16h comme 20h ou 22h, je n’en savais fichtrement rien. Tout d’abord soulever légèrement la tête, approcher mon (mes) poignet à une distance me permettant de distinguer la grande et la petite aiguille, ensuite en déduire l’heure selon leurs positions sur le cadran. Voilà pour la théorie, la pratique fut (zoo, horaire) très différente. Tout d’abord soulever la tête pour ne plus avoir pour seul horizon que la lumière du plafond. Exercice périlleux s’il en fut (mi gêne) tant j’étais dans un brouillard épais et cotonneux et dès que je tentais de bouger la tête tout se mettait à danser la gigue autour de moi. J’abandonnais très rapidement cette idée et je décidais de rester étendu pour procéder à la seconde étape de l’opération.
"What time is it" avec en voix off les rolling stones qui enchaînaient "tiiiiime is on my side". First hold up my left arm and put it approximately at 10 inches of my eyes. Then open my eyes and try to read hour on my personal portable big Ben. Oh ! Before reading hour I must choose one of these four of five watches dancing around me. Amstramgram, pic et colegram.... I fixed my choice on the first at the left up. Go ! Close my eyes and open it immediately after ! Damned ! It has disappears and now I could see on the same line only three clocks "upside down, clocks you turn me", Donna summer’s song explosed in my brain.
Je décidais subitement devant tant de difficultés de changer radicalement de tactique. Je pris alors ma plus belle voix et je déclarais :
« Je suis un homme, je suis homme
Quoi de plus naturel en somme
Oh oui mon style
Correspond à mon état civil. »
S’il vous plait ?
Oui monsieur ?
Quelle heure est il ?
Cinq heures.
Du matin ?
Non, du soir, voyons !
Ha ! 17 heures alors ?
Non, je n’ai pas dit sept heures, mais cinq.
Paris s’éveille et je n’ai pas sommeil.
La blouse blanche au cerveau ramolli, ne sachant pas donner l’heure correctement ne prêta pas attention à ma dernière réplique car elle continua de vaquer à ses occupations tentaculaires. L’essentiel étant que j’avais pu obtenir mon renseignement. Cela faisait à peine deux petites heures que j’étais là et pourtant j’avais l’impression que tout ce cirque avait duré une éternité. Toutefois une note positive pointait lentement le bout de son nez, je me sentais de moins en moins barbouillé, la nausée prenait le large petit à petit et cela influait grandement sur mon état d’esprit. Je reprenais confiance et à part mon œil kaléidoscope, dont je ne doutais pas qu’il finirait pas rentrer dans le rang, je prenais les choses du bon côté. Ce qui me chagrinais le plus c’était mon état de puanteur, moi qui d’ordinaire possède un odorat d’enrhumé, j’avais le sentiment de puer comme mille putois, la sueur collant ma chemise, les aisselles nauséabondes, les cheveux gras en bataille (et fontaine). Pourtant cela ne semblait incommoder personne d’autre que moi et cela rendait d’autant plus étrange cette sorte d’extra sensorialité nasale que je développais. Etait-ce donc cela le sixième sens ? Je me posais la question, pour l’oublier aussitôt car je sentis l’envie de faire un somme revenir au galop pour oublier mes turpitudes. Je n’avais guère le choix d’ailleurs, soit je tentais conserver les yeux ouverts et c’était la valse des globes oculaires, soit je baissais le rideau et une douce somnolence prenait le dessus dans les minutes qui suivaient. Cette saleté d’intoxication m’avait vraiment mis à plat, je ferais gaffe aux sushi à l’avenir.
Pas de sushi mon gars, me dis-je en moi-même.
Rideau ai-je dit, pas envie de recommencer à soliloquer (j’aime bien ce verbe) et encore mois de déblatérer seul. Fermons les yeux et voguons aux pays des songes. Oublions ce monde peuplé de créatures hybrides et monstrueuses qui semblaient être issues d’une génération aussi spontanée que brutale. Un peu de repos ne me ferait pas de mal et pour l’instant je n’avais que ça à faire. Quoique !