Entrez dans ce beau jardin. L’herbe y foisonne et la nature dispose elle-même ses couleurs. Cela fait longtemps que j’avais envie de vous parler, et puis voilà, ce jour est arrivé. Je suis un peu ému, j’ai l’impression d’aller à un premier rendez-vous, avec ce qu’il faut d’incertitude pour être complètement déstabilisé, avec ce qu’il faut d’envie pour affronter l’inconnu. Je goûte déjà ce vrai bon moment. Sur la petite table basse, le thé à la menthe nous attend accompagné de quelques sucreries et des brioches qui mêlent leur parfum d’orange à la douceur de l’air. Vous avez bien fait de venir avec vos maris ou vos amis ou seules pour certaines, je me voyais mal être le seul homme de l’assemblée. On a tellement de choses à se dire, et d’abord chercher la raison du plaisir de notre compagnie. Bien sûr, on s’est rencontré autour de quelques mots, joliment écrits, avec la sauvagerie ou la tranquillité qui rend bien compte du chemin que nous sommes tous en train de parcourir, bien sûr les échos de toutes les douceurs agitent toutes les têtes de la même façon, bien sûr, nous savons prendre de la distance avec les concepts que manient les autres, qu’il s’agisse d’amour ou d’abandon, de dialogue ou de monologue. Certains de nos gestes trahissent la tendresse que nous nous portons, certains éclats de rire aussi, certains mots longtemps enfermés dans une malle d’oubli.
Un peu de thé ?
Quand je vous souris, je ne dis pas autre chose que le contentement que j’éprouve à votre existence. Vous me faites vivre, ce n’est pas rien. Comme me fait vivre Alice, mon amoureuse. On a décidé de s’appeler ainsi parce que il est plein d’étoiles ce vocable qui ne veut rien dire. D’ailleurs c’est étonnant cette promiscuité entre elle et vous, cette coexistence, ce partage. Bon d’accord elle est privilégiée, c’est à elle que je montre toutes mes faiblesses, sociale, psychologique, physiologique parfois, ben oui, on en rit bien d’ailleurs, je suis arrivé à un âge où parfois mon corps ne suit pas mes recommandations, l’idiot ! Enfin c’est un peu plus compliqué que ça : j’ai passé mon temps à devenir un homme, et à refuser tous les attributs d’un macho, attributs langagiers, comportementaux, sociaux etc. et quand j’ai fini par y arriver, j’ai au moins été armé pour assumer mon état fluctuant. Je vous rassure, pour l’instant ce n’est que passager, mais vous vous en fichez, bien sûr…
Avec vous je désire connaître le frisson de la découverte, additionner quelques plaisirs sains (ils le sont tous) et le plus extraordinaire d’entre eux, se parler d’égal à égal, en sachant pertinemment que ce qui nous lie est parfois indicible ou le deviendrait si on se posait la question, et en sachant tout aussi pertinemment que notre relation aura une espèce de fin, bientôt et que toutes les douceurs que nous nous octroyons, partager un loukoum, dire des mots qui ressemblent à des mots d’amour ou les entendre, ne nous autorise pas à fantasmer un avenir impossible. D’égal à égal, cela nous oblige à mettre sur la table tous les accidents de nos vies, à écouter comment l’on s’en sort, à chercher ce qui peut donner la force de croire qu’un monde meilleur est à portée de main, à user de toute notre science des mots pour envelopper chacun d’entre nous dans un cocon qui ne sera plus illusoire. D’égal à égal, cela ressemble à la recherche d’une vérité qu’on ne trouvera jamais mais qui illuminera nos esprits, nos cœurs peut-être.
Qu’est-ce que je suis content de vous rencontrer, et dans ce jardin en plus, c’est celui d’Alice et bientôt, j’y exposerai des bijoux particuliers, quand je serai prêt. Vous reviendrez, n’est-ce pas ?
Je me rends compte que je parle beaucoup, et de moi en plus !
Maintenant, je vous écoute, je plonge dans les délices de votre parole
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Bonjour mes amies
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