Plainte déchirante de la forme recroquevillée sur elle-même dans le local poubelle. Le gardien en la découvrant était retourné à l’accueil pour décrocher le téléphone et appeler le Samu. Ce n’était plus de son âge, toutes ces conneries, encore 2 ans et il serait à la retraite, alors tout serait terminé pour lui. Plus d’injures, plus d’insultes, terminée la peur qui prend aux tripes quand il faut aller dans les caves ou faire le tour des parkings souterrains. Une fois le téléphone raccroché, avant de repartir attendre les secours dans le local et faire lui-même la police pour éviter les badauds, il passe la tête dans l’entrebâillement de la porte de la chambre pour prévenir son épouse.
Il chuchote :
Vite, habille-toi, il y a encore eu du grabuge.
Pas de réponse, deux pas dans la chambre, dans la pénombre. Il s’approche du lit et découvre que celui-ci est vide. Son épouse a du se lever quand il allait sortir les poubelles, il va lui laisser un mot sur la table en formica de la cuisine pour la prévenir. Il fait demi tour, traînant des pieds, ses chaussons faisant office de patins.
Dans la cuisine, il détache un post’it de son support mural et prend un stylo dans la boîte pour écrire un mot. Il découvre alors une enveloppe posée en évidence contre son bol, il suspend son geste et se saisit de l’enveloppe, il la prend avec précaution comme si ce bout de papier représentait un danger mortel. Il reconnaît l’écriture de son épouse, elle a écrit son nom sur l’enveloppe. Il l’ouvre le cœur battant la chamade subitement et commence à lire :
Norbert,
Pardonne-moi.
...
Les reste de la lettre est confus, sa vue se brouille, il ne saisit pas de suite, il reprend la lettre tente de la lire jusqu’au bout, jusqu’aux derniers mots assassins :
...
Je te quitte.
Sophie.
Il porte une main à sa poitrine, une douleur fulgurante lui broie le cœur. Une pensée lui traverse l’esprit, dans 2 ans c’est la retraite tout aurait été terminé alors...