Oui la France a été un pays qui a pratiqué la traite négrière jusqu’au milieu du dix neuvième siècle et ceci à partir des côtes d’Afrique vers ses possessions outre mer, les Antilles en particulier, mais aussi vers le continent américain. Oui certains ports de l’Atlantique comme Bordeaux et Nantes en ont pleinement profité mais tout cela est derrière nous et ce qu’ont fait nos ancêtres en fonction des mentalités de l’époque ne doit pas être supporté par les descendants que nous sommes.
D’autre part, s’il faut enseigner ce qui s’est passé à cette époque aux écoliers de toutes races et origines, il ne faut pas oublier ni même minimiser le rôle qu’ont joué dans cette traite certains potentats africains qui, la plupart du temps, collectaient eux-mêmes les futurs esclaves au fin fond de la brousse avant de les conduire vers les bateaux négriers sur les côtes de l’Atlantique, particulièrement au Sénégal ou sur le pourtour du Golfe de Guinée.
Sans bien sûr nier ce passé, je crois qu’il serait plus sérieux de s’occuper de l’esclavage d’aujourd’hui qui perdure sous des formes différentes selon les régions du monde.
J’ai vu de mes yeux, au Tchad, au Cameroun mais aussi au Burkina-Faso, au cours des années passées, de soit disant employés de maison qui travaillaient pour des Africains aisés, cadres, industriels, commerçants ou fonctionnaires de haut rang.
Ces « employés » qui n’étaient ni déclarés, ni payés, mais simplement logés et nourris, étaient taillables et corvéables à merci, le jour comme la nuit car ils vivaient la plupart du temps avec leur propre famille dans les dépendances de la villa du patron. Ils étaient souvent depuis plusieurs générations « au service » de ces castes dites supérieures et tout le monde, y compris ces serviteurs de longue date, semblait trouver cela normal.
Ils étaient, comment dire, très attachés à leurs maîtres. Reste à définir le sens de ce mot dans ce contexte particulier.
En France, de temps à autre, surgit une affaire de « bonne à tout faire », souvent une Africaine, travaillant pour des diplomates de même origine mais aussi parfois pour des familles françaises, et traitée comme une véritable esclave des temps modernes.
C’est cela qu’il faut combattre et, au lieu d’instituer une journée du souvenir qui n’a pas grand sens car oubliée dès le lendemain, on ferait mieux d’enseigner aux écoliers, tous pays confondus, la véritable histoire de l’esclavage, de l’Antiquité à nos jours, sans occulter ce qui gène certains peuples.
Mai 2007