La vie d’un homme, quel qu’il soit, est jalonnée de remises de diplômes, décorations ou autres distinctions , grandes ou petites à l’échelle de la vanité humaine , et la plupart du temps aussi peu justifiées qu’inutiles. Je n’ai pas échappé à la règle, de façon modeste il est vrai, et comme cela me vient à l’idée (drôle d’idée ! me direz-vous) je vais essayer d’en faire l’inventaire.
Je ne suis pas fétichiste, mais quand même un peu conservateur dans certains domaines, et j’ai gardé une partie de ces papiers dont le but est de nous classer dans la société et aussi de nous distinguer, de nous hisser au dessus du lot, parfois pour une action d’éclat, mais le plus souvent tout simplement parce que l’on a fait le travail pour lequel on est payé. Ce sont les « Honneurs à l’ancienneté » si je puis me permettre.
Mon premier diplôme date de 1954. C’est le Brevet du petit campeur, délivré par la colonie de vacances de Bertheaume où j’ai passé quelques étés. L’année suivante, Brevet de natation, (25 mètres nage libre) et Certificat d’Etudes Primaires que ma mère avait absolument tenu à me faire passer alors que j’étais au Lycée depuis trois ans. Magnifique Certif en couleurs comme on n’en fait sûrement plus aujourd’hui.
Puis vinrent en 1959, le CAP et le DAM par lesquels l’Arsenal de Brest faisait de moi un ouvrier fraiseur ....pour seulement dix mois, le temps de bifurquer vers l’Armée de l’Air dès 1960. En 1961, je sortais de l’Ecole des Mécaniciens de Rochefort avec mon Brevet élémentaire de mécanicien avion.
En 1966, au Tchad, je fus fait Chevalier de l’Ordre National Tchadien. A la question « Pourquoi ? » que je posais à cette époque je n’obtins jamais de réponse. Sans doute une histoire de quota de médailles qu’il fallait absolument attribuer.
De retour en France, 1969 sera l’année de mon Brevet supérieur de mécano avion, toujours à Rochefort après huit mois de stage.
Affecté à la 11e Escadre de Chasse à Toul, mon escadrille se vit remettre en 1970 la médaille d’argent de la Sécurité des vols à titre collectif au niveau de la Force Aérienne Tactique, ce qui n’était pas volé compte tenu des conditions de travail de l’époque mais ceci est une autre histoire.
Deux ans plus tard, toujours à Toul, et suite à quelques bonnes réactions de ma part dans des conditions de vol critiques (voir : Mon vol le plus court) on me remit un Témoignage de Satisfaction à l’ordre de la Région aérienne. Ca valait mieux qu’une décoration à titre posthume comme cela aurait pu arriver.
En 1976, diplôme suivant : Cadre de Maîtrise Mécano Avion toujours à Rochefort. Le bâton de Maréchal de la spécialité.
Il me faudra attendre 1981 pour être titulaire de la Médaille Militaire dite aussi (en jargon militaire) la médaille du chien fidèle. Cette décoration ,qui arrive à la troisième place dans l’échelle des décorations françaises, je l’ai dédiée à mon oncle Henri, mort pour la France à l’âge de 22 ans devant Ponte Corvo en Italie, mais oublié comme beaucoup d’autres dans la distribution des breloques .
Dans les années 90 j’ai été invité à la remise officielle de la médaille des donneurs de sang bénévoles. Je n’y suis pas allé mais j’ai reçu un très joli diplôme avant que l’on ne me dise que mon sang ne les intéressait plus compte tenu de mes crises de paludisme au Tchad.
J’ai également reçu la Médaille d’Outre-mer avec agrafe Tchad, ayant vécu là-bas deux années de période troublée où j’ai quand même entendu siffler à mes oreilles plus de balles de tennis que de balles réelles . Et bien je crois que, sauf erreur de ma part, j’ai fait le tour du problème car je vous fais grâce des diplômes « par équivalence » genre Bac Technique et autres B.T.S. ainsi que des différents certificats de formation militaire qui accompagnent une période de trente ans sous le harnois.
Il y a pourtant deux papiers que l’on ne peut classer dans aucune des catégories précédentes mais qui me tiennent à cœur. Il s’agit des deux discours lus par « mes » ouvriers africains aux pots d’adieu quand j’ai quitté la Coton Tchad et ensuite la Sodecoton au Cameroun où j’occupais les fonctions de Chef de Parc Matériel Roulant. Ca reste pour moi les deux plus beaux témoignages de ce qu’aura été ma vie professionnelle mais aussi ma vie tout court.
En conclusion, aucune gloire à tirer de tout cela, seulement quelques souvenirs et la satisfaction d’avoir toujours donné le meilleur de moi-même à mes supérieurs comme à mes subordonnés.
Ce sont les hommes qui font les médailles mais les médailles ne font pas les hommes.
JCJ