La Kermesse

...Des boissons chaudes seront offertes aux participants... On prenait soin de nous pour que nous venions nombreux participer en ce petit matin à la kermesse dite des "premiers flocons". C’était aussi ma première participation et depuis 6h ce matin me voilà transformé en Satchmo jouant de la trompette à force de gonfler des centaines de ballons pour le stand dont je devais m’occuper toute la journée : Le stand de tir.
Fléchettes pour les petits de 8 à 12 ans.
Carabine à plomb pour les plus grands.
J’avais les lèvres éclatées par ces S..... ies de ballons qui collaient à la peau par le froid quasi Sibérien qui régnait dans le pré haut.
......
J’avais failli hurler de douleur en voulant boire l’espèce de lavasse brûlante servie dans un gobelet en plastique complètement ramolli par la chaleur du breuvage. Mais qu’est-ce qui m’avait pris d’accepter de tenir ce stand ?
Ma femme m’avait poussé à le faire, parlant d’intégration dans la commune où nous venions d’arriver, jouant sur mon sentiment de culpabilité vis-à-vis des enfants - cela fera plaisir aux petits - et puis ça sera l’occasion de faire connaissance avec d’autres parents etc. Finalement j’avais fini par craquer et je m’étais présenté pour venir aider. Ils m’avaient vu venir de loin, les pécores. Dès le départ le tutoiement était devenu de rigueur et « on » m’avait dit :
 Tu verras, le stand de tir c’est facile et puis tu seras aidé pour la sécurité, tu auras du monde avec toi...
Tu parles ! Je m’étais fait avoir en beauté, l’aide n’arriverait que sur les coups de 10h du matin et en attendant je devais me taper le stand à installer et les ballons à gonfler pour que les morveux viennent les crever. Il faisait un froid de canard, j’avais les doigts gelés, les lèvres en feu et complètement isolé du reste de la kermesse - à cause de la sécurité, tu comprends ? - je sentais que la journée allait être pourrie. Quelle idée, aussi, d’organiser une kermesse en plein hiver ? Si je n’avais pas atterri par ici à cause du boulot, je ne serais jamais venu m’enterrer dans ce pays de fous.