Comme de la buée collée au gazouillement incessant des grandes villes,
Ils sont aux frontières entassés comme ceux qu’on n’attend pas,
Attendant qu’enfin se lève la sentence vile,
Espérant sans doute un peu de pain bien gras,
Bloqués ces souris, piégés, prises dans l’atroce exutoire,
Des richesses et des larmes s’essoufflent là là là,
Leur spectre dépossédé revient décolorer les squares,
Des maitresses et des dames passent par là là là là là !
Elles ont des pulls argentés et leurs lumières,
Sur les gouttes d’eau cristallines prennent des formes féeriques,
Qui tombent par lambeaux, puis changent en pierre,
Les chaussées poignardées, par les talons que soulèvent, leurs mouvements symétriques,
Les dépossédés n’ont rien à donner en partage,
Et s’ils partagent bien, bien qu’ils n’aient pas grand-chose,
C’est pour se donner du courage,
Et leurs mots de rien du tout, tout de même indisposent,
Les matraques bleues, leurs font les yeux bleues,
Les hordes de louveteaux, leur martèlent les côtes,
Ils ont des cicatrices et le visage creux,
Ils ont des mine tristes on dira que c’est leur faute,
Baladant leurs insultes, bavant le mépris tendre,
De leurs femmes trop laides, pour vivre honnêtement,
Les seules qui se soient laissé prendre,
Les seules qui n’aient pas couché par argent,
On les traite de putes quand elles sont ivre morte,
On leur soulève la jupe, comme ça pour rigoler,
Elles ont la peau tannée, du sel sur la mer morte,
On voit leurs seins flotter, dans leurs corsages d’été,
Leurs habits changent peu, elles ne suivent pas les saisons,
Mais c’est dénudés de rêves, qu’avalent les métros,
Ils s’en vont donner leurs maigres économies de raison,
Aux journalistes ils sont, les faits divers,
Aux politistes ils sont, cette France d’en bas,
Aux capitalistes, ce que la vie à de pervers,
Aux socialistes, des couverts pour le repas.
Et moi, allongé sur un bac, la tête renversée, coloriant mes souvenirs, sourriant aux jeunes filles, toutes fraiches et toutes jolies, j’attends la fin de leur monde !