Monsieur Le Ministre,
(Heu c’est qui qui s’y est collé depuis la dernière chute de la bourse ?).
Si je prends la liberté de vous adresser la parole, ou plus exactement l’écriture, c’est que je tiens à profiter, puisqu’il en est encore temps, d’une des rares (libertés) que l’on a laissées au contribuable... Et je veux en avoir pour mon argent !
Vous avez proposé de frapper de taxes lourdes les huiles du même nom, l’essence, le tabac, la bière et les imperfections physiques, j’en passe.
Je vous le dis en vérité, c’est une grave erreur et je vous le démontre : pour ce qui est des huiles d’accord, mais pas celles qui coulent claires et dorées dans les rouages de ma limousine allemande ou dans les six cylindres de mon chronomètre suisse, c’est l’Europe oui ou zutre !?
Il s’agit, si je l’ai bien compris, de taxer celles qui croupissent dans les conseils d’administration d’institutions publiques inaccessibles, insensibles à la vox populi. Dans les états-majors des partis et de ceux qui sont restés, les états-major en service ou hors d’action ou hors d’usage, ces huiles qui croupissent à vos côtés quand vous vous égarez dans les locaux parlementaires (où aviez-vous la gueule de bois, pas dans la langue, pour sûr !)... Celles que l’on rencontre aux inaugurations des nouveaux bureaux de taxation, aux concours éthyliques, aux réceptions de médailles d’honneur de vos inspecteurs-racketteurs, etc.
Ces huiles là, taxez les, d’accord ais-je dit, chacun son tour, mais pas nos tartares et autres fritonnaises. Taxez aussi le tabac, en taxant ceux qui ne fument pas, ceux qui, renonçant à ce plaisir inhérent à la nature humaine (l’homme est un roseau, mais un roseau qui fume a dit le penseur qui avait, semble-t-il, abusé), se montrent par trop intolérants, montrant du doigt les fumeurs comme autant de hors-la-loi, se regroupant entre eux, fumistes fiers et heureux, d’être dans le rang serré de ceux qui partagent la joie et l’honneur, dans cette vallée de larmes, de payer leurs taxes à temps et heure !
D’accord, Ministre ?
Mais ne taxez pas la bière !
C’est tenter le peuple, le jeter dans le gouffre de l’alcoolisme, lui apprendre à préférer l’ivresse à l’exercice physique, préférant des boissons françaises ou écossaises... C’est semer la discorde, encourager les trafics de houblon néerlandais ou allemand, c’est faire tomber la natalité, c’est en un mot comme en cent : trahir le pays !
Mais c’est plus grave encore : c’est favoriser la compagnie des eaux et on vous y reprend -encore- à vouloir inventer les moyens les plus pervers pour nous piquer nos sous...
Mais vous taxez l’eau gazeuse, incitant, comme précédemment, la consommation d’alcools d’importation, encourageant la pluie de tomber, risquant de ruiner notre agriculture, enrichir les 200 plus grandes familles "d’ombrellistes", au dépend de la masse, mettant sur le foin les producteurs bénis de houblon, de malt et d’orge... de ces produits nobles sans lesquels la Belgique ne serait pas ce qu’elle est : fière, noble et déchirée !
Ne faites pas cela, Monsieur le Ministre, je vous le conseille... (intaxable, les conseilleurs ne sont pas les payeurs..).
Vous taxerez bientôt, nous en avons eu vent, les imperfections physiques, c’est un comble, bien que les lecteurs de ce site humanitaire n’en soient pas atteints...(ou du moins pas ceux qui se sont identifiés).
Alors quoi !? On se tue pour le Foie, fermement décidé à faire fleurir les petits commerces pour vous faire boucler votre budget, à coup d’àfonds (cul sec) de demi-gueuze, on se dissous les reins, on se liquéfie le cervelet, on se dilate l’estomac et la vessie et il faudrait en plus payer des taxes ?
Ici, je veux vous conseiller :
Taxez le lait et ses producteurs, taxez les vaches et leurs 3,1416 pi, taxez les roploplos, les tours de poitrine excessifs et le silicone, taxez les pastilles de menthe et la chicorée, le port de la barbe et des cheveux (moi je suis presque chauve, y a quasi plus rien à me piquer..), la myopie et le rhume des foins, les pieds plats et le nickel, le nystagmus, la folie selon grandeur, les cols blancs, les chapeaux boules et la pétanque, les soucis japonais et leurs casse-tête chinois, le papier à fleur du living de ma belle mère, les chanteurs à minettes, les poils de C.. (Oups, pardon), les cravates à poils laineux, les jonquilles, les os à moelle, les dentiers, les œufs à la coque des navires, les ballons captifs épris de liberté ça leur fera les pieds !
Taxez les feux follets, l’élevage de hanneton, la politesse, la gymnastique, l’amour vache, les plumes et les encriers, l’œil torve, l’heure du thé et d’été, surtout du thé en été, mais à quelle heure ?
Taxez le vague à l’âme, le mysticisme, l’orthographe, le calcul mental, les noirs desseins, les blancs seins, ceux qui tombent aussi, les seings privés, les passe-droits, les sains d’esprits, l’humour français, l’étrange dénouement des impossibles missions, la sémantique, la loque à reloqueter, le pipi au lit, le lit dans l’avalée, l’air de rien et la mine du même métal, l’autre que vous êtes, les ‘nous’ trop souriants, l’édredon, l’être long, les trop, l’olléollé, les yeux bleus, la merde ambiante.
Orphée aux Enfers, l’enfer de la merdaille, le verso, le ver solitaire qui enquiquine tout le monde (un comble !), l’averse, l’ahhh si seulement, le oui-mais, le train de la vie, les lâches et les baskets, l’étreinte mâle, le malabar, le carambar, le coup de barre, la barre au mètre, l’iconoclaste, le doux pays de mes rêves, la petite maison dans la prairie, les rêves de richesse (juteux pour vous, ça), le rêve lubrique, le ver à soie, le verre à soi pour égoïstes, l’honni soit, l’ainsi soit, le soir décent, la décence, l’un des cents, l’autre, le suivant...
Taxez aussi la folie, les visionnaires, les dégueulasses, les mouillés, les poules, les sent de la gueule, les dentistes, les pue des pieds, la folie, la fièvre, la folie, le samedi soir, la folie...
Tous ! Eux ! Vous, sa sœur, ma tante, mon petit frère, son oncle, le bon-papa gâteux, Gaëtan le goéland, Yolande et son yoyo, Hildegarde de la tour qui prend, l’a, l’a majuscule, le b, le c, le d, les minuscules, tout, tous, vous, vous, tu, tu, les minus, mais pas moi, ni mes amis, dont vous trouverez les adresses, pour peu que vous chaussiez vos lunettes, remettiez vos pantoufles, essuyez les pieds avant d’entrer, que vous trouverez, si vous vous en donnez la peine, capitale, quelque part entre une plume et un encrier...
Tous, vous, tu, il, elle aussi, sauf nous, la sagesse, la raison, la passion, la bière.. PAS LA BIERE !
Sinon nous nous lèverons comme un seul homme, lèverons le coude itou, et vous renverserons, Ministre, et je prendrai ta place...