Elles s’appelaient Lisa et Christina. Non, je ne les connaissais pas ! Je sais seulement que mardi dernier, à 16h53, ces deux soeurs de quinze et dix sept ans faisaient leurs devoirs dans le salon du domicile familial, un bâtiment en dur dans une rue de Port-au-Prince.
A 16h54, elles étaient ensevelies vivantes sous les gravats de la maison tandis que leurs parents et leurs frères échappaient par miracle au désastre. A mains nues, ces derniers ont tout tenté pour les sortir de là car elles répondaient aux appels… faiblement, mais elles répondaient…. Leur calvaire aura duré jusqu’à hier soir ; elles ne répondent plus…
Un cas parmi des milliers d’autres… Le destin, c’est le destin qui a tué mes filles a conclu, en sanglots, Jean Janel, le père des deux jeunes filles !
C’est vrai ! Cette fois c’est le destin qui a frappé Haïti, victime du mouvement de ces plaques tectoniques que l’homme sait aujourd’hui surveiller mais dont il ne contrôlera jamais les effets malgré les progrès technologiques.
De là à parler de « Haïti, la malédiction » comme le font tous les médias à la recherche de sensationnel, il y a matière à réflexion.
Mis à part ce séisme, tous les malheurs qui ont réduit à la misère le peuple haïtien, sont de la responsabilité humaine.
Je ne vais pas reprendre l’Histoire en détails mais depuis quatre siècles, de l’esclavage sous domination française, aux Duvalier père et fils et leurs tontons macoutes, sans oublier le père Aristide, c’est bien l’exploitation de l’homme par l’homme qui a prévalu sur ce bout de terre des Antilles…
Cette catastrophe majeure mais naturelle, c’est peut-être, non pas la chance car le terme serait de mauvais goût dans ces circonstances, mais l’occasion pour Haïti de prendre un nouveau départ, grâce à l’aide internationale, en faisant table rase de son passé de misère et en bâtissant une société plus juste où chacun pourrait vivre dignement.
Je suis un vieux rêveur, un utopiste diront certains, mais j’aimerais tant que Lisa, Christina et les dizaines de milliers d’autres victimes, dont le nombre augmente de jour en jour, ne soient pas mortes pour rien…
JC