Éthiopie, Erythrée, République Démocratique du Congo, Congo Brazzaville, Angola, Sierra Leone, Tchad, Soudan, Somalie, Côte d’Ivoire, Liberia, Nigeria, Kenya, Rwanda, Burundi, Cameroun, Algérie, Libye, Sahara Occidental, …
La question des conflits armés inter-états, interethniques, ..., est très complexe. Elle implique de nombreuses dimensions et ne peut s’appréhender en dehors des enjeux géopolitiques et économiques que constituent les ressources naturelles de l’Afrique.
Rejeter la faute sur la colonisation et le partage du continent qui a regroupé artificiellement des ethnies ennemies est trop simpliste, même si cela peut en partie expliquer la tentation actuelle de la balkanisation des entités nationales.
A l’époque tournés contre le colon et pour la liberté, les conflits armés d’aujourd’hui se nourrissent de différentes sources parmi lesquelles on trouve en bonne place la confiscation des pouvoirs par des "élites" civiles, industrielles & militaires.
Les modèles politiques, souvent imposés par la communauté internationale, inadaptés aux réalités nationales + la mauvaise gestion du pouvoir, ont une part cruciale de responsabilité dans la dérive du continent où les dirigeants manipulent l’ethnicité au profit de leur stratégie de conquête et de prédation sur les maigres ressources publiques & les plantureuses aides internationales.
Outre la responsabilité évidente des leaders Africains, il y a l’influence des pays industrialisés au travers de la "dette", qui se creuse et qui est une arme politique terrible dans les mains des créanciers (états et financiers), elle impose aux gouvernements africains des "plans d’ajustement structurels " qui leur permettent de contrôler plus ou moins directement les orientations politiques, économiques et sociales.
Tout concoure à maintenir l’Afrique en état d’extrême de fragilité & de dépendance, le profit immédiat prime sur le développement à long terme : la lutte pour l’alphabétisation, contre les pandémies, le chômage, la pauvreté, la famine...
Et lorsqu’il y a accalmie, difficile de ne pas douter de la sincérité de volonté de paix entre belligérants dès lors qu’elle est imposée par des médiateurs étrangers et non le fait d’un désir spontané & libre des adversaires de déposer les armes. En Afrique aucun conflit n’est réglé pour de bon, l’état second couve toujours, explosant à la moindre étincelle... elle se réduit souvent à l’appât du gain !
Les observateurs soulignent, par ex., la difficulté de résoudre le conflit au Darfour, où l’on a découvert d’importantes réserves pétrolières et le jeu pervers de la Chine...
Et bien entendu c’est plus complexe encore et je pourrais également avancer les problèmes linguistiques et le rôle des religions.
L’Afrique n’a ni la primauté, ni prédisposition pour les guerres. Elles ne sont en aucun cas l’expression d’un goût ou d’une tendance ‘naturelle’, d’un primitivisme inné et rétrograde... Elles sont, -ici comme ailleurs- , la conséquence de circonstances économiques, sociales et politiques particulièrement défavorables. La pauvreté extrême pousse les hommes à se battre pour survivre et les rends vulnérables, crédules, face à des démagogues qui n’aspirent qu’au pouvoir absolu et à leur enrichissement personnel. Ils ne tardent pas alors à les mobiliser, les manipuler, les matraquant de slogans incitant à la haine en pointant ceux qui sont désignés responsables de tous leurs maux.
Ce n’est pas nouveau, ce processus existe depuis la nuit des temps, il est paranoïaque : difficile, voire impossible, en effet, d’accepter ses erreurs et de vivre la douleur de ces tensions internes, difficile de se remettre en question et tellement tentant, plus vivable, d’accuser son voisin..!
Proche de nous, Hitler, les Balkans, GW Bush après le 11 septembre, dont le discours anti-terroristes n’avait, en partie, d’autres buts que de manipuler l’opinion publique, forcer son adhésion, pour terminer le travail de papa, en Afghanistan et en Irak. (Sans compter que la fortune de la famille Bush repose sur le pétrole et l’armement...).
La guerre n’est jamais une initiative populaire, elle est préméditée, fomentée et financée..., la nature humaine fait le reste, instaure un cycle infernal et vicieux, infini, de vengeances en vengeance aveugle. Et nos frères sont aveuglés au point de ne plus voir à qui profite le crime... Souvent un troisième larron étranger au conflit, une puissance économique du ’nord’ ?
Et c’est là ou c’est le plus vicelard et nauséeux, les superpuissances luttent pour les richesses naturelles de l’Afrique et se servent impunément des enfants de cette terre magique (oui Jean-Claude et Guy, il n’y a pas d’autres mots que ’magique’)...
La lutte pour les richesses de l’Afrique se fait par ses propres enfants ! (Y compris au sens propre du mot lorsqu’on sait combien ils sont à être incorporés dans leurs armées) !
On finit par se dire que les conflits armés vont s’éterniser tant qu’ils servent les intérêts des grandes nations, tant que la condition des Africains ne s’améliore pas et que dans une situation pareille, la guerre reste la seule chance pour les plus pauvres de ne pas mourir... de faim !
Il en serait tellement différent si les populations africaines parvenaient à hausser leur niveau de vie. Là où il y a de l’abondance, la guerre, du moins civile, n’a pas de raison d’être. D’ailleurs si les nations, cultures et religions différentes peuvent vivre en paix sur un territoire et s’influencer mutuellement, n’est-ce pas la preuve que la bellicosité n’est pas inhérente à l’homme ?
La survie de l’humanité est conditionnée à la solidarité, elle ne peut être garantie que par la coopération dans l’intérêt de tous.
Tout dépend des hommes, ceux qui sont au pouvoir, ceux qui sont aux affaires, mais aussi ceux de la société civile.
Tant que la logique financière prime sur celle du bien-être de l’humanité, les conflits éclateront encore et toujours...
Et pas qu’en Afrique !