Rendez-vous à 15h au Novotel, forum des halles.
Coup d’oeil à ma montre, 14h55
Pile à l’heure ou presque.
Je sors mon téléphone.
Un appui sur la touche rappel.
Ça sonne, une voix devenue familière me répond.
Je suis devant le Novotel, où es-tu ?
...
D’accord, je vais t’attendre dans le hall.
...
ok, au bar si tu préfères, je vais prendre un café en t attendant.
...
à tout de suite.
Je suis un peu déçu par ce retard, un problème de circulation. Je venais de bousculer mon planning et je m’étais dépêché pour ne pas arriver en retard. Tant pis, me dis-je en espérant que l’attente ne serait pas trop longue vu tout ce que nous avions envisagé de faire ensemble. Pour un premier rdv, ça commençait mal.
Le hall du Novotel est très cosy, boiseries, tentures bordeaux, ambiance feutrée, c’est parfait pour une première fois. Ça nous permettra d’attaquer doucement avant d’entrer dans le vif du sujet. Depuis le temps qu’on en parlait, nous avons décidé de passer à l’acte et de nous rencontrer enfin. Il était temps, ça devenait trop compliqué à gérer et il fallait absolument qu’on sache exactement si ce qu’on envisageait était raisonnable ou pas. Nous n’en doutions pas vraiment, entre nous, ça a collé immédiatement, au premier échange de mail, nous nous sommes rendus compte que nous étions sur la même longueur d’onde, complémentaires. Il ne nous restait qu’à passer du virtuel au réel et mettre à l’épreuve du quotidien notre entente si parfaite sur le papier. La salle de bar du Novotel est occupée par des tables basses avec des fauteuils club autour. C’est très accueillant, clame et feutrée. C’est vraiment un bon choix pour se rencontrer, d’ailleurs l’endroit semble être connu et réputé pour cela. Presque toutes les tables sont occupées soit par des personnes seules, qui manifestement attendent quelqu’un comme moi, soit par des couples. Au passage, on s’échange des regards complices sans équivoques, chacun sait pourquoi il est là, on se reconnaît entre nous, entre membres d’une même confrérie pourrait-on dire. Je repère une table libre qui me permet de conserver un oeil sur la porte d’entrée, je m’assois et prends mes aises dans le fauteuil. Je fais semblant d’être à l’aise, j’essaye de paraître détendu, de faire comme si j’étais un habitué. Un serveur s’approche de moi :
Qu’est-ce que je vous sers ?
J’attends quelqu’un, je vais juste prendre un café s’il vous plait.
Bien monsieur, me répondit-il avec un sourire de connivence.
Le café est rapidement servi, petit plateau rectangulaire en inox avec une tasse de café, un verre d’eau, le biscuit ou le chocolat qui désormais accompagne le petit noir, histoire de se décomplexer sur le prix exorbitant de ce dernier. Je jette négligemment un coup d’oeil à la note : 2.80, je m’attendais à pire. Un nouveau coup d’oeil à ma montre, 15h10, je retire ma veste pour m’installer plus confortablement. Le café est brûlant, je repose la tasse et j’ouvre la confiserie, c’est un petit macaron que je croque en 2 bouchées, délicieux. Ambiance feutrée, conversations à voix basse, l’endroit est très sympathique, c’est vraiment une bonne idée de s’être donné rdv ici et côté pratique, c’est à peine à 30/45 minutes de chez moi par le RER B. Mon téléphone vibre, je décroche.
Je me gare et j’arrive.
D’accord, je suis dans la salle, juste en face de la porte, tu ne peux pas me louper.
15h25, il ne va pas falloir qu’on perde trop de temps en fioritures, j’ai promis de ne pas rentrer trop tard ce soir, ça risque de ne pas être évident. Ce n’est pas très grave, ce n’est que le premier rdv, il y en aura certainement d’autres. Je surveille l’entrée, scrutant chaque personne qui se présente, cherchant à accrocher le regard d’une personne qui en cherche une autre. Il y a, heureusement peu de monde à cette heure et la plupart se dirigent vers la réception de l’hôtel sans jeter le moindre coup d’oeil vers la salle du bar.
Ah ! Je crois que c’est bon, sourcil interrogateur, je fais un signe de la main en me redressant, on se reconnaît l’un l’autre avec certitude sans s’être jamais vu.
Bonjour Gérard.
Bonjour Pascal, désolé pour le retard, ça roulait vraiment mal.
Ce n’est pas très grave, j’ai commencé à travailler sur l’appel d’offre en attendant. J’ai affiné une ou deux petites choses, rien de bien méchant.
La date limite, c’est lundi prochain ?
Oui, ça veut dire qu’il faut qu’on finisse tout vendredi au plus tard pour que le cabinet ait le temps de faire la paperasse avant de tout envoyer.
Après avoir répondu à cet appel d’offre, nous avons décidé de travailler ensemble sur une offre de service commune et depuis, le Novotel est devenu notre salle de travail une ou deux fois par semaine. Nous ne sommes pas les seuls, beaucoup de réunions et séances de travail plus ou moins formelles se tiennent en cet endroit.