Je sais qu’en France il fait déjà froid, qu’il y a les grèves et une certaine morosité ambiante et saisonnière, laquelle, rassurez vous, s’estompera au moins provisoirement comme d’habitude avec l’approche des Fêtes de fin d’année ...Mais enfin vous y êtes et soyez sûrs que je compatis et que je pense à vous chaque jour...surtout les jours où je me balade à travers les collines d’Ibiza !
Hier après-midi j’ai crû à un moment donné marcher sur le chemin que j’avais évoqué dans mon poème intitulé Ermitage...mais comme la fin est un peu différente je m’en vais vous la raconter...pour ceux et celles que ça intéresse, les autres, en ayant peut-être assez de ma prose, peuvent bien entendu cliquer et passer à quelque chose de plus...littéraire !
Donc vers 15h alors qu’il faisait beau malgré un petit vent du Nord/ Ouest venant de la mer (et allant ...à la mer puisque nous sommes sur une île) je suis parti à « l’aventure » sur les collines du Sud d’Ibiza par une piste qui montait à flanc de coteau, une piste praticable pour un 4x4 ou un simple marcheur comme moi. Durant deux heures je suis monté en tournant le dos à la mer le long de ce vallon perdu où nul ne passe plus avec pour unique compagnie celle des oiseaux qui habitent la forêt de pins qui recouvre la presque totalité de l’île...pour arriver enfin sur un petit plateau en cul de sac, un genre de clairière où j’ai découvert à ma grande surprise deux...tipis, des tentes d’Indiens si vous préférez ! Et là un chien s’est mis à aboyer prévenant du même coup une femme d’une quarantaine d’années qui m’a interpellé ...en français avec l’accent du Sud/Ouest en sortant d’une cabane de rondins que je n’avais pas remarquée car construite un peu au dessus à la lisière du bois ! Vêtue d’un vieux pantalon, d’un t-shirt de couleur jaune, chaussée de pataugas militaires et coiffée d’une casquette de base-ball visière en arrière, l’air pas très aimable au premier abord elle m’a signifié que je me trouvais sur un terrain privé ! Mais entre Français ça ne pouvait que bien se passer et après les présentations d’usage nous avons fait la causette ! C’est ainsi que j’ai appris qu’elle était venue donner un coup de main à son Chaman (je cite !) pour remettre en état la « cabane au fond des bois » ainsi que les wigwams et qu’en plus elle attendait des... yourtes en provenance de Mongolie ! Elle était là, seule avec sa chienne depuis quelques semaines, sans électricité, sans moyens de communication et à une heure de marche de ses plus proches voisins ! Ibiza ce n’est pas la forêt amazonienne mais tout de même il faut un certain culot ou une certaine ...philosophie pour y vivre dans ces conditions.
Par discrétion je ne lui ai pas demandé à quoi et à qui étaient destinées ces habitations rustiques dépourvues de tout confort mais nous avons discuté un bon moment et puis j’ai pris congé de ma charmante « Robinsonne Girondine » pour retrouver mon destin de civilisé avec eau chaude au robinet, électricité et même Internet ...pour vous conter l’histoire !
Des wigwams, un mystérieux Chaman, une vieille cabane en rondins et une Bordelaise sans complexe, opérationnelle et plutôt sympa pour en finir, le tout dans un magnifique décor... que demander de plus à la vie par ce bel après-midi ?
Je suis redescendu vers la côte tandis qu’à l’Ouest le soleil s’apprêtait à rejoindre la mer éclairant encore de mille feux l’île de Formentera, la plus sudiste des Baléares, que l’on devinait à l’horizon !
Novembre 2007