Vous nous avez quittés aujourd’hui à l’âge de 89 ans après une vie bien remplie et, disons le, exemplaire.
Née Simone Jacob, Niçoise par la naissance et juive de confession, vous êtes bachelière à 16 ans avant d’être arrêtée par la Gestapo puis internée quelques semaines plus tard dans les camps de la mort sous le matricule 78651 à jamais gravé sur votre bras gauche.
Vous sortirez de cet enfer en 1945 après avoir vu mourir votre mère et tant d’autres à vos côtés.
Après des études de Droit, vous deviendrez avocate puis magistrate avant de vous engager en politique dans les années 70.
Ministre de la Santé, vous vous battrez contre vents et marées pour que les femmes de France aient accès à l’I.V.G, afin de mettre fin à des procédés d’un autre âge concernant ces avortements clandestins, non seulement illégaux mais aussi passibles de prison.
Plus tard, vous serez élue Présidente du Parlement européen, première femme à occuper cette fonction. Malgré vos années passées à Auschwitz, vous œuvrerez pour le rapprochement franco-allemand indispensable à la construction de l’Europe.
Chez vous, même si vous n’avez rien oublié, la haine est un sentiment qui n’existe pas.
Et puis ça sera votre entrée à l’Académie française qui vous ouvre grand ses portes et je me souviens encore avec émotion du discours prononcé à cette occasion par Jean d’Ormesson.
Avez-vous beaucoup écrit ? Je ne sais pas mais j’ai lu plusieurs fois et je relirai encore votre autobiographie intitulée « Une vie ». Cet ouvrage, pour ce qu’il contient, vaut à lui seul l’octroi de l’habit vert d’académicienne car il est écrit avec le cœur.
Toujours active ces temps derniers, vous vous êtes éteinte la nuit dernière entourée de votre famille car l’usure du temps finit toujours par vaincre, même les plus courageux.
Immortelle pour l’Académie, vous l’êtes aussi dans le cœur des Français …
Merci Madame...