Le ciel est bleu, d’un bleu à faire rêver tous les estivants.
Quel bonheur de se prélasser sur le sable blanc, de lire les dessins des quelques nuages qui griffent ça et là la voûte céleste !
L’hôtel est entouré de bougainvilliers, de fleurs innombrables et de toutes les couleurs, d’arbustes flamboyants et tout cela sépare ce petit paradis du reste du monde.
J’ai bien envie d’aller jeter un coup d’œil de l’autre côté, pure curiosité de ma part, mais ce pays magique gagne certainement à être visité !
« Ce n’est pas conseillé » me dit la réceptionniste ! « Restez ici, bien à l’intérieur de l’hôtel. Il n’y a rien à voir ailleurs ! »
Je n’ai pas du tout l’intention de renoncer à l’aventure, aussi je me faufile et pars seule sur une grande et belle route toute blanche, qui court au milieu des champs, des bois ...
C’est superbe, un calme surnaturel règne partout, je me sens libérée.
Je poursuis ma route quelques temps et voilà que j’arrive à un rétrécissement.
Le beau grand chemin se transforme en un sentier pierreux, boueux, pour aboutir à un village en ruines !
Mais que s’est-il passé ici ?
Plus rien de tient debout, toutes les maisons en bois, en papier mâché gisent sur le sol !
Ici et là, des meubles, des jouets, des papiers trempent dans une boue épaisse.
L’air est saturé de senteurs lourdes...
Un mouvement attire mon regard !
Sous une bâche grise, des yeux immenses, tristes, résignés.
« Mais qu’est-il donc arrivé ici ? «
La mère sert ses enfants contre son cœur, et des larmes coulent le long de ses joues sales ...
« Nous avons subi un séisme il y a un mois, ici dans l’arrière-pays »
« Et depuis un mois, vous êtes là, sans secours, c’est incroyable ! «
« Ho non, Madame,, des gens sont venus nous aider les premiers jours. Ils ont apporté du thé pour nous remonter le moral, ensuite ils ont fouillé les décombres et ont retrouvé trente personnes écrasées, étouffées, ensevelies sous tout ce fatras. »
Ils nous ont aidé à enterrer nos morts et ont promis de revenir, plus tard....
J’attends... ils ne vont sûrement plus tarder ... «
Mais ! Et l’hôtel, au bout de cette route, pourquoi n’y allez-vous pas ?
C’est interdit, Madame, nous n’avons pas le droit de gâcher la vie des autres. Ils ont bien mérité leur repos, il paraît qu’ils travaillent toute l’année...
Nous, nous restons ici, c’est notre chez-nous, c’est ici que nous sommes nés, nous attendons ...
Partez maintenant !
La route de retour n’est plus merveilleuse, le ciel n’est plus bleu, l’hôtel là-bas au bout n’est plus un refuge de rêves.
Il est devenu un enfer de l’égoïsme.