Elle est là la machine.
Elle t’attend patiemment, pour t’écraser, pour te perdre dans ses rouages maléfiques.
Connais-tu la machine ?
Elle semble pourtant si innocente, composée d’hommes et de femmes comme toi. Mais prends garde, elle est toute puissante, et n’espère qu’une seule chose, pouvoir t’entraîner, te briser, car elle n’a pas de cœur, pas de conscience, elle va te torturer l’esprit, te guetter où que tu sois.
Et, dans les derniers retranchements de ta volonté, de l’incertitude de ta raison chancelante, te pousser à la folie face à son incompréhension.
Tu ris, tu hausses les épaules, car tu en fais partie toi-même et tu connais chacune de ses portes, chacun de ses recoins. Mais un jour, ce sera ton tour et tu n’auras plus devant toi qu’un guichet froid , et tu ne seras plus qu’un numéro, un simple numéro , poussière de misère, un numéro que tu tiendras a la main , la sueur suintant sur ton visage décomposé par la crainte de la machine , celle que tu croyais connaître et qui se tient à présent devant toi toute puissante et t’écrasant de son indifférence .
Elle est bien huilée la machine. Elle est devenue un instrument de mort, elle te balaie négligemment d’un revers de page, poussière inconnue parmi tant d’autres, tu voudrais t’enfuir au loin, mais tu dois l’affronter et jour après jour, peu à peu, elle va te détruire, tu ne pourras lui échapper.
A.M.