Dimanche après-midi, il fait étonnamment beau pour cet avant-dernier jour de novembre.
Elle revient de sa marche à pied quotidienne. Sa main se pose sur la poignée du portail et l’actionne. Il s’ouvre sans bruit. Elle s’avance. Ses pas font crisser le gravier. Elle referme le battant doucement.
La porte de la buanderie s’ouvre. Une boule de poils fonce sur elle et s’allonge de tout son long sur sa jambe quémandant des caresses.
Son mari se tient sur le seuil, un grand sourire aux lèvres.
ça a été ? Pas trop de monde dans le bois ?
Non, ça va. Juste un vélo et un couple avec un cocker
Ton thé est prêt, je te l’ai mis sur la petite table dans la véranda
Merci mon chéri, je t’aime
Je t’aime
Ils terminent toujours leurs dialogues par ces mots. Simples. Qui ont tant de signification pour eux. Eux qui se sont trouvés après tant d’années d’errance sentimentale.
Pénétrant dans la maison, elle enlève au passage ses chaussures de marche, son blouson et enfile ses pantoufles.
Dans la pièce toute vitrée, baignée de soleil, elle s’assoit dans son fauteuil, un peu fatiguée de ses 10 km. Ses pieds se posent sur un tabouret. Ses doigts se glissent dans l’anse de la grande tasse d’où s’échappe les arômes fleuris de son infusion.
Une gorgée un peu trop chaude coule dans sa gorge, elle apprécie les yeux mi-clos avant de reposer le breuvage et de s’emparer de son tricot. Elle regarde où elle en est. Chouette se dit-elle, du jersey tout simple avec juste quelques diminutions.
Elle replace ses jambes, prend le livre et l’ouvre.
Elle sourit en enlevant le marque-page qui n’est autre que la face avant de la jaquette d’un Blu-ray qu’ils sont particulièrement aimé tous les deux. Elle se souvient l’espace d’un instant qu’ils ont du faire pause deux ou trois fois tant ils riaient à certaines scènes.
Un sentiment indéfinissable de moment unique et précieux l’envahît quand ses yeux glissent sur les lignes en rythme avec le fil que ses mains glissent sur les aiguilles : un livre, un tricot : deux créations de la même personne