L’heure d’hiver avait obscurci mes matins.
Et le brouillard embuait mes paupières, plus gluant qu’un attrape mouche.
Au sortir du micro onde, la délicate tasse de porcelaine blanche, finement décorée de relief ton sur ton, décida subitement d’effectuer un triple salto arrière digne de Candeloro.
Le breuvage sombre - que j’aurais pu nommer « mon café » quelques secondes plus tôt – en profita sournoisement pour se faire la belle.
Comment définir l’origine de ce café ? Colombie ? Ethiopie ? non certainement pas ... ce café est extra terrestre !
Plus rapide que l’éclair, il a investi la cuisine – son volume soudainement multiplié par cent, ou mille peut être d’ailleurs ?
Durant la tache ingrate, et exténuante à jeûn, consistant à éponger ce liquide perfide, une question obsédante se fit jour :
Est il humainement possible d’avaler une quantité aussi impressionante de café au petit déjeuner ?
Armée de ma serpillière, la tête sous la plus basse étagère – celle où s’entassent, sans bruit, magazines de décoration, recueil de cuisine (light), d’anciens prospectus de voyage, une ou deux lettres de mon cher trésor (public), la liste de courses oubliée, le catalogue ikéa, et divers objets incongrus- je m’interroge sur l’origine de l’expression « mordre la poussière ».
Battue à plate couture par l’adversité de ce matin, et blème, la vie me parut fâcheusement contrariante.