Il ne suffit pas de pleurer.
Il faut parfois au milieu de cette pluie qui lave des histoires où les mots n’avaient pas le même sens, renifler la question qui fait mal, connaître les raisons d’une déraison, entendre siffler les flèches et hoqueter un pardon.
Il ne suffit pas de pleurer, il faut aussi avec les mots assassins panser la plaie de l’autre et recoudre les lambeaux d’un cœur qui défaille. Un amour qui se rompt est avant tout un amour.
Il ne suffit pas de pleurer, il faut aussi entendre l’écho joyeux des strophes enfiévrées, il faut aussi dire les mots qui manquaient, plonger dans les vagues déferlant encore sur ce château de sable, se noyer dans la mer teintée de la prunelle de ses yeux, prendre enfin conscience que l’amour ne se projette pas mais existe, sans rien exiger, sans rien déranger, sans rien enlever, sans rien abîmer, et le mouvement de tous les pleurs, de tous les hoquets et de toutes les peines suit avec méticulosité celui de tous les rires, de toutes les joies, de toutes les respirations nouvelles. Souvent, ils s’enchevêtrent et entraînent dans un parcours sinueux des amoureux d’une droiture exemplaire. D’autres fois, rires et pleurs se confondent et embrument les matins frais des tourtereaux, parfois encore, ils se partagent leurs proies et désignent dans la tête de l’autre un vainqueur, un perdant imaginaire, ou encore se maquillent et leur éclat est un strass miroitant.
Il ne suffit pas de pleurer, il faut comme avant écouter les mots savoureux et riches de l’être qui vit déjà en soi, il faut respirer pour donner au cœur sa vraie place, il faut accepter que le silence précède un secret, il faut sentir sur ses épaules le poids léger du mystère, il faut mesurer le temps qui passe et qui rapproche.
Il ne suffit pas de pleurer, il faut aimer encore.
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