Indifférence de la différence
A ma naissance rien ne vous distinguait l’un de l’autre. Les années passant tranquillement sans différence. Vous n’avez pas attendu l’adolescence pour commencer votre croissance et les soucis ont commencé. Vous attiriez les regards alors que je souhaitais rester dans l’ombre. Victime sans le comprendre de la jalousie maternelle, vous n’étiez qu’objets de moquerie et sujets de dénigrements. J’essayais en vain de vous cacher, courbait le dos.
Mais rien n’y faisait.
Il a fallu attendre la naissance de mon premier enfant, pour que je me réconcilie enfin avec vous. Une période de pur bonheur. Les années ont passé. Je ne vous cachais plus. J’osais vous suggérer, les regards ne me dérangeaient plus mais me faisaient sourire, contente de ne plus porter votre fardeau.
Mais le destin est capricieux et de deux, vous n’êtes plus qu’un. Celui du cœur est seul comme le gardien de ses battements.
Mais nous sommes dans une société où l’image est devenue plus importante que l’humain.
Pourtant, ma vie écourtée, je la vivrais telle qu’elle est, telle que je suis devenue, sans toi.
Peu importe les autres, leur confort visuel. Mon temps ne sera pas gaspillé dans des couloirs aseptisés. Je préfère les balades dans les sous bois, musarder dans les sentiers de randonnée, flâner au bord de l’océan à la terrasse d’un café, sentir le soleil chauffer mon visage, le vent envoler ma longue chevelure argentée. Je préfère les fous rires de mes enfants, les mots doux de mon amant, les aboiements joyeux de mes chiens au bruit des chariots cognant les murs des couloirs, les sabots des blouses blanches, le chuintement des portes coulissantes.
Est-ce mal ? Immoral ? Égoïste ?
Et pourtant combien de regards me condamnent ? Je ne les compte plus, je ne veux plus les voir. A quoi bon tenter de faire comprendre à des êtres qui n’ont toujours pas effacé le mot guerre de leur vocabulaire que la vie est plus importante que tout !