J’entends ça et là, à la radio, à la télévision, dans les journaux, sur internet, partout en fait, que des élections en France, petite province du Monde, se prépareraient dans le plus grand secret.
Chut. Nous n’entendons rien. Nous ne savons pas qui, pas quoi et surtout pourquoi.
Hier encore j’allumais la télévision pour me divertir et je ne fus pas déçue. Pêle-mêle des choses à rire, quelques trucs à penser, du bloubiboulga, des opinions, des pubs, du rien, la vie quoi.
Soudain, j’ai entendu une phrase, une phrase qui en cette période tumultueuse, où les révoltes éclatent, des révolutions même, où les gens se rendent comptent au fond d’eux que tout va de travers, que ce n’est plus acceptable et qui crient, en silence (pour l’instant), est mal tombée. Voilà, c’est le mot. Tomber, on peut tomber à plat, tomber des nues, tomber sans se faire mal, mais cette phrase-là, elle est tombée sur moi.
Nous avons, actuellement, dans notre petite province du Monde, un Président de la République acoquiné d’une femme, interviewée dans une émission juste pour savoir si elle pense, si elle sert à quelque chose, si elle a son mot à dire, et qui se délecte d’une même phrase, d’un bon mot trouvé par je ne sais quel professionnel en communication déplorable, et qui se répercute depuis plus d’un an de journal en journal, comme un trait d’esprit qu’aurait prononcé Nietzche ou Voltaire, ou l’un de ce genre-là, et cette phrase, hier, m’a bouleversée.
Elle répondait à la question à savoir de quel côté du lit, elle et son mari dormaient, ce qui n’intéresse même pas leur propre famille, mais qui secoue la France en rebondissant toujours et toujours, en vain. Elle a dit quelque chose qui commence par « quand nous dormons au palais… ». Au palais. Elle dort dans un palais, celui de la France.
La France n’est pas un royaume. La France n’a pas de palais ou du moins ne devrait pas en avoir. En France, un jour, le peuple tout entier s’est levé en criant qu’il ne voulait plus de palais justement, de tout ça, des lustres, des banquets, des révérences.
Qu’il subsiste quelque part un palais, pour la mémoire, le souvenir, comme une alerte, un rappel, où serait inscrite sur le fronton la fameuse déclaration qui fait (faisait) la gloire de notre province, c’est bien. Que quelqu’un y dorme pourquoi pas, quoique qu’il ne faudrait pas trop dormir, pas trop souvent, pas trop longtemps. Un questionnement : qui est aux commandes quand le roi dort ? La reine ? Non, elle dort à ses côtés. A gauche ou à droite nous n’avons pas très bien compris, le trait d’esprit étant réservé à ceux qui les conçoivent ou qui les répètent correctement.
Dans ces temps houleux où la misère, de plus en plus palpable, de plus en plus visible, que l’on ne contient plus, que l’on n’arrive plus à cacher et qui ne veut plus se cacher, nous ne voulons pas de quelqu’un qui nous dirige en dormant, dans un palais qui plus est, à droite comme à gauche.
Nous voulons d’un décideur, qui écoute, qui regarde, qui entend et qui voit. Et que des personnes, celles qui l’entourent ne donnent plus de conseils aussi bêtes qu’une rumeur, mais agissent, quand le roi dort pour récupérer de son labeur. Quelqu’un qui sache mener cette République que nous avons acquise en comptant nos morts, le sang versé, les colères éclatées et les têtes tranchées.
Beaucoup, trop de monde, veulent la place du roi, celui qu’on a mis là en espérant qu’il fasse ce qu’on attendait de lui : aider le peuple à vivre, dans la dignité, la responsabilité et la sérénité.
Beaucoup, trop de monde, voudraient monter sur le trône de cette République qui souffre, avec des intentions qui ne sont pas les bonnes : des mégalomaniaques, des versatiles, des régressistes, des spéculateurs, des mécréants, et d’autres, tant et tant d’autres pour la gloire, l’égo, l’argent, pour faire la fierté de leurs parents.
Et moi je dis ceci : celui qui montera sur le trône vaquant devra faire attention. Qu’il sache en toute connaissance de cause ce qui l’attend. La tête sur les épaules n’y restera pas s’il failli à cette mission-là. La République et le peuple qui décide pour elle, recommencera toujours et toujours pour peu qu’il se réveille, à faire tomber la couronne du roi et celle de sa cour, ainsi que son palais dans lequel plus personne, à la longue ne dormira, ou alors dans une torpeur profonde, si bien que le Monde verra une province disparaître.
Des élections se préparent, paraît-il, en silence, quelques fois, avant la grande Ola.
J’irai voter parce que j’en ai le droit, parce que mes ancêtres se sont battus pour ça et que je veux en être l’héritière. Je voterai pour celui qui aura les couilles d’aller au front en sachant tout cela, d’où qu’il vienne, quand bien même faudra t-il donner une leçon à cette France que j’aime tant.
Je voterai pour celui qui aura les tripes d’y aller pour résoudre les problèmes des autres avant les siens, pour celui qui aura conscience véritablement que la vie des gens est en jeu, que leur sort est entre ses mains, qu’il faut faire vite, qu’il faut faire bien. Et qui est prêt à mettre sa tête et non pas son cul sur le trône, à prendre le risque que sa propre tête tombe parce qu’elle tombera inévitablement s’il manque à son devoir, sa tête à lui ainsi que celles de tous ses courtisans.
Je crierai s’il le faut, je donnerai l’alerte, je remuerai le Monde d’une façon ou d’une autre, pour qu’on regarde la province France, pour qu’on la juge, pour que le peuple se soulève et se relève de cette guerre qui se prépare, si cette attente, son attente, est déçue, et se meut en désespoir une nouvelle fois.
Ceci n’est pas une promesse, je ne fais pas de promesses moi, j’en fais le serment et je le jure, et je l’écris, simplement.
2 Février 2011