Et sur cette page blanche, ils se sont empoignés. La bataille était féroce, c’était à qui laisserait le trait le plus noir, le plus sanguinolent. Tout faisait des traces. Au bord, au centre, à l’envers, les glissades, les préparations, les explications brouillonnes grisaient d’entrelacs enfantins cette neige naïve. D’autres s’en sont mêlés, il ne restait plus un pouce de libre. Çà et là, quelques triangles immaculés montraient l’ampleur de l’opposition.
Quand tout fut fini, l’auteur, amusé, se mit à découper chaque ligne, chaque point de rencontre, chaque traînée de plume, il ciselait minutieusement le plus de confettis qu’il pouvait et il en fit une neige nouvelle. Ses amis en feraient bien quelques munitions, des boules réchauffant les ardeurs en refroidissant les cous, des savons rougissant les joues en vivifiant cette amitié qui faisait couler tant d’encre.
Ils avaient presque créé un besoin, en dissertant sur quelques mots anodins, et lui se demandait comment les faire revenir sur sa page pour retrouver leurs sourires et leur dire qu’il avait bien aimé cette débauche d’énergie.
Débauche était le bon mot.
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