Je travaille, de nouveau. Je donne du sens à l’étymologie de ce mot. J’essaie de racler au fond de mon âme ce que je reconnais chez tous ceux qui m’existent, des lambeaux de chair et des scories de plaisir, des traces grasses d’idées noires et des gluances tentaculaires qui continuent de me faire croire que c’est ma mère qui m’a donné la vie. J’extirpe avec des outils grossiers les tumeurs déposées par des maîtres et je dépoussière avec des chiffons vite encrassés des magmas inutiles qui grondent lamentablement leurs volcans éteints.
Et je pousse, je charrie, je déblaie.
Quand tous ces déchets se diluent dans l’acidité des moqueries et les rires des barricades d’humeur, quand cette poubelle pollue mon sang et mes poumons encombrés, quand ma cervelle même, complètement grise, arrive à transformer la chair informe des déjections en quelques mots insipides, je peux benner ma souffrance dans des containers que transportent tous ceux qui me ressemblent un peu, et qui acceptent de me parler, probablement pour ne pas avoir à me charrier avec leurs morts.
Parfois je jette un œil sur ces containers nocifs et je vois bien que tout s’est purifié, les relents sulfuriques sont devenus des mots d’amour et les glaires glauques sont de vraies phrases ronflantes et presque propres. La lumière s’installe, l’air vivifié balaie en tourmente légère des sourires francs, tout s’ouvre et un soupçon de chanson fait danser quelques personnes ensemble. Le soleil revient.
Mais je vois bien sur ces vêtements fraîchement coupés quelques traces de mes guenilles, là, mal cousu, un bouton cassé, ou encore une piqûre qui fait mal, un fil blanc qui me pelote mes souvenirs.
Bordel de merde ! Je croyais parler d’amour et de belles choses enthousiasmantes…
C’est plus compliqué que ça, alors ?
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