Tu es née au-dessus de l’océan. Profitant de courants favorables, tu as pris de l’ampleur, de la force, du souffle avant de te heurter aux côtes de granit.
Tournoyant autour des sentinelles de la mer, Penlan, Penfret ,Eckmühl, Ar-Men, Saint-Mathieu, tu as emporté avec toi dans une folle farandole des esquifs divers et variés.
Salant les routes et les dunes, tu as poursuivi ta course rappelant aux hommes leur impuissance face à la nature, tu as fait chuter leurs cheminées empruntées par plusieurs générations de père Noël.
Pour cette nature dont tu fais partie tu n’as pourtant aucun respect, aucune modération, des branches mortes gelées, aux brindilles trop jeunes, tu arraches, casses, sans discernement. Même les remarquables, en viennent à perdre la bataille et se couchent pour un long sommeil qui les emmènera dans des maisons dont ils réchaufferont les vieux murs par leurs flammes hautes et claires.
Mal aimée tu continues ton chemin survolant les plaines, courbant les herbes, acculant les troupeaux dans un recoin quelque peu abrité dans lequel il se serre les uns contre les autres pour résister tant bien que mal au froid dont tu les fouettes.
Cette nuit encore, tu souffleras en un long sifflement jusqu’à ce qu’enfin une perturbation te repousse et t’oblige à laisser la nature et les hommes retrouver leur harmonie.