Une maison familiale où, moi, j’ai habitais, pendant des dizaines d’années, entourée de mon mari et de mes quatre enfants. On a vécu, là, tous ensemble, comme par habitude, dans une belle longère nichée en pleine campagne. Une vie avec ces bruits familiers et ces rites quotidiens qui jalonnent les journées d’une famille nombreuse.
Et jour après jour, ce lieu était devenu comme habité par ses petites histoires, ses larmes et ses sourires. Oui, de nombreuses chroniques de la vie de tous les jours qui sont venu se succéder entre nos quatre murs …
Le temps a passé ... Mon mari est parti là-haut ... et moi, aujourd’hui, je me sens bien seule … Mes enfants se sont éloignés progressivement pour trouver du travail et faire leur propre vie et, pour moi, la vie au quotidien dans cette grande maison n’est plus pareille …
Une simple visite de ces lieux me ramène, hélas souvent, à ma dure réalité. Les chambres de mes enfants, hier remplies de rires et d’émotions, me paressent si froides. De toute façon, moi, je n’ai rien voulu changer ni débarrasser depuis leur départ. Tout est comme avant ... comme à une époque et à un bonheur suspendus dans le temps et dans mon cœur …
Le soir venu, la nuit est venu s’installer pour mettre fin à mes longues journées de solitude. Le sommeil est venu, lui, me chercher pour rejoindre mon grand lit glacé. Toute seule, sous mes draps et les yeux fermés, j’essaie tant bien que mal de tomber dans les bras de Morphée et ce n’est plus très facile.
Les minutes, les heures passent ... et les silences se font lourds ... Les moindres bruits, deviennent suspect dans ma maison vide rythmée par les battements de cœur de la pendule …
Le matin arrive enfin ... Après avoir pris mon petit déjeuner et mes médicaments, je suis allée aérer les chambres de la maison. Et comme par habitude, le souffle coupé, je ressens de nouveau la même appréhension, les mêmes présences et de doux souvenirs ...
De ces photos, ces parfums et ces dessins qui me ramènent à une autre vie et une autre réalité avec mes enfants et mon mari.
Petit à petit, le silence s’installe de nouveau et mes pas raisonnent dans la maison devenue, aujourd’hui, sans âme et sans chaleur pour la réanimer ...
Ma matinée, moi, je la passe, là, assise dans la cuisine avec mon journal et mes souvenirs. Un coup d’oeil à ma fidèle pendule ... Tiens, elle aussi se traine : il est dix heures et moi ... j’ai déjà faim !
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