N’osant allumer, tout doucement pour ne pas éveiller l’attention d’éventuels fantômes, je me laisse glisser de la position assise à la position couchée et, cramponnant ma couverture, je m’en couvre prestement tout en enfouissant mon visage dans mon oreiller. Je reste ainsi une éternité puis sombre inconsciemment dans le sommeil.
La sonnerie a retenti. C’est tout au moins l’impression que j’ai en ouvrant les yeux. La lumière du jour naissant filtre à travers les volets roulants.
Je jette un œil à mon réveil, il est 9 heures 35. Panique ! Je suis en retard ! Je me redresse violemment au mépris de mes douleurs lombaires et me fige, assise sur le bord du lit, les pieds sur la moquette.
Mais t’es conne, on est dimanche.
Je me recouche, pour une fois que je fais la grasse matinée. J’ai l’impression d’avoir bien dormi, mais j’ai en même temps des souvenirs confus, de fête trop bien arrosée se mêlant à des flashs semblant sortir d’un film d’horreur, spectacle dont je ne suis vraiment pas friande.
Une sonnerie retentit à nouveau mais je la perçois comme dans un état second, perdue que je suis dans mes souvenirs. Une soirée trop arrosée, un mal de chien à retrouver le chemin jusqu’à mon lit et me voilà fraiche et dispose après une nuit de sommeil… Ca ne colle pas, ça ne me ressemble pas, je devrais avoir la bouche pâteuse, un mal de crâne pas possible… Et puis ces images d’horreur qui se précisent dans mon cerveau embrouillé, d’où proviennent-elles ?
La sonnerie se fait plus insistante et me tire de ma torpeur. Je vais aller ouvrir mais à qui ? Un dimanche matin, qui peut venir me déranger ?
La main gauche sur la poignée et l’autre sur le verrou, j’hésite un instant.
C’est qui ?
Une voix me répond :
C’est Nath, qu’est-ce que tu fous ?
Nathalie ?
Nathalie c’est ma voisine du dessous, une fille bien sympa, traductrice, qui travaille à domicile.
C’est une de tes collègue qui m’a appelée, elle est inquiète, oh tu m’écoutes ?
Mais on est dimanche !
Ah ! Non, ma belle ! On est lundi.
Ma main manœuvre le verrou et s’arrête nette.
Quelque chose, sur le sol, vient d’attirer mon attention. C’est tout contre la porte, certainement ça vient de derrière la porte, c’est petit, ça se contorsionne, c’est un asticot. Des asticots, car ils sont plusieurs. J’ai un mouvement de recul.
Va-t-en, tu ne m’auras pas, pourriture.
Oh ! T’es folle ! Ouvre-moi.
Déjà, je ne l’écoute plus, prévenir des secours, mais tout d’abord, me barricader.
Je pousse un petit bahut devant la porte, j’en déchire la moquette mais c’est le cadet de mes soucis. Qui prévenir, mon cerveau travaille à deux cents à l’heure, j’en ai mal à la tête. Il me faut de l’aspirine. Je vais dans la salle de bain, dans la petite armoire à pharmacie je trouverai, sinon mon bonheur, de quoi calmer ce foutu mal de crâne.
Voilà, un cachet… non, deux, il me faudra bien ça pour calmer cette douleur lancinante. Un verre d’eau, le cachet sur la langue, je porte le verre d’eau à ma bouche. J’avale. Mon reflet, dans la glace en fait de même. Mon reflet ! Quelle est cette créature qui me singe. Ca grouille sur ma tête, mon visage boursouflé est couvert d’abcès purulents. Je porte une main à mon front, une main décharnée. Je veux hurler mais rien ne sort de ma gorge en feu.
J’entends du bruit, une voix m’appelle.
Charlooootte tu es lààà ma chééérie !!!
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Cauchemar - Seconde partie
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Je me réveille haletante dans mon lit.
Je suis en sueur et mon cœur tape dans ma poitrine comme s’il voulait en sortir. L’angoisse ne m’a pas quittée. Je suis paralysée.