Le cœur à l’envers, suspendue au-dessus de l’espace, c’est une trapéziste.
Telle une araignée qui confie sa vie à un fil de soie, sa vision du monde est un kaléidoscope qui recompose sans cesse les multiples facettes de sa perception.
Et moi j’ai toujours une image d’avance ou de retard.
Lorsque grisée de voltiges elle redescend sur la piste, elle a le regard flou d’une revenante égarée et fait tout à l’envers. En vérité, l’antipodiste c’est moi.
Avec elle je ne suis jamais dans le bon sens.
Elle parle quand je crois qu’il n’y a rien à dire et se tait quand j’aimerais l’écouter, elle pose des questions qui n’ont pas de réponses et répond à des question que je ne pose pas.
Elle sourit lorsqu’un désarroi la saisit et des larmes roulent sur ses moments de bonheur.
L’inquiétude lui donne du courage et la sérénité la fait douter.
Ses acrobaties la rendent sincère quand je l’imagine manipulatrice et prédatrice lorsque je la crois angélique.
Lorsque je lui donne mes émotions, elle les interroge et les contrarie puis les quitte sans raison. A l’inverse, quand elle me perçoit dans les nuages, elle s’amuse à sauter de l’un à l’autre, telle une funambule, afin que je ne la perde pas de vue.
Tout à contresens. Elle ou moi ?
En amour, elle niche dans l’absolu de ses bras, sens dessus-dessous. Quelquefois elle est à ses pieds, mais jamais bien longtemps entre ses mains. L’espace d’une fraction d’éternité entre deux voltiges.
Et elle ne va jamais aussi haut que lorsqu’elle risque de tomber.
J’aimerais bien comprendre.
Il ne faut pas essayer d’expliquer mais juste partager ses battements d’ailes.
Vouloir la mettre à l’endroit qui est l’envers de son univers, c’est perdre ce qu’elle sait donner.
Elle ne sait alors plus aimer.
Elle n’est plus femme.
( abusivement classé dans la catégorie fantastique mais je n’ai pas trouvé mieux ...)