Le vingt août deux milles cinq. Onze heures dix du matin. Aéroport Charles de Gaules Paris. Vol de la Thai airlines en partance pour le Laos.
Comme une bulle. L ‘avion est comme une bulle qui nous coupe de l’extérieur. Cela donne l’impression d’être déjà parti. Ma place se trouve côté fenêtre, à travers le hublot on aperçoit le soleil. Il réchauffe la piste de l’aéroport où courent des vagues de poussière. Ici le vent comme les avions n’arrête jamais sa course.
Lentement l’appareil s’emplit de bruit. L’arrivée massive de passagers me tire de ma contemplation. La bulle de fer prend rapidement vie. Et moi qui déteste subir les transports combles. Au moins j’ai l’avantage d’être en première classe et d’avoir droit à un peu plus d’espace. Le siège à mes côtés est vide. Quelques personnes en costard et attaché- case passent devant. Des hommes d’affaires pour la plupart. Ils ignorent le siège libre.
« Mademoiselle ? » Un steward plutôt canon me tend une lettre.
« C’est pourquoi Monsieur ? » Il a un sourire à se damner. Et ses yeux bruns comme du chocolat, me font presque fondre.
Il tend en plus la lettre vers moi. « C’est pour vous. De la part de l’équipage, pour la plus belle des passagères. » Ca y est, il remet ça avec son sourire. Je lui prends la lettre des mains. Histoire qu’il débarrasse le plancher. Les hommes volages, ça n’a jamais été ma tasse de thé. Le steward me remercie et retourne à ses occupations. Qu’est - ce que les gens ne sont pas prêts à faire ? Me servir une publicité ou autre message commercial en me draguant. Ca c’est la meilleure quand même.
La petite lettre blanche m’intrigue. Il n’y a rien d’inscrit sur l’enveloppe. C’est bien un message et non une publicité. Impatiente de découvrir son contenu je l’ouvre. Dedans il y a une carte de tarots, peinte en rouge et jaune. Elle porte le symbole de la lune. En art divinatoire cela signifie, que la réalité illusoire nous tombe sous les yeux ! Ca ce n’est pas bon signe. Soudain des picotements électriques courent dans mes bras. Il y a de la magie dans l’air, cette carte est envoûtée. Je la retourne, derrière sont inscrites d’étranges runes à l’encre noire. Impossible de les identifier. Par contre, je sais reconnaître un objet ensorcelé. Maintenant que la carte est touchée le sort est actionné. C’est une ruse vieille comme le monde.
Le plus incroyable, est le jeteur du maléfice. Sa maîtrise de la magie est telle, qu’il m’a été impossible de détecter son sort. Et merde ces saloperies de vampires vont bien finir par m’avoir. Je tente de me lever et reste clouée sur place, les membres paralysés. Il me faut crier, mais aucun son ne sort de ma bouche. Dans ma poitrine mon cœur s’emballe, je panique. C’est un sortilège de contrôle. Une personne puissante a pris possession de mon corps. Et bientôt ce sera le tour de l’esprit !
« Cesse de résister Daphné. Il faut dormir ! » Murmure une voie glaciale dans ma tête.
Oh mon dieu il a réussi à passer mes barrières mentales ! Je le sens qui envahit mon esprit, tel une brume versatile, qui recouvre un sous-bois. Il me faut changer de tactique. Rapidement se modifie l’aspect de mon esprit et apparaissent mes nouveaux barrages psychiques ! La forêt tempérée de conifères, devient une jungle épaisse et impénétrable. Mais l’ennemi ne lâche pas prise. A son tour il se transforme. Et devient un jaguar, enfant de la lune. Je tente de refermer l’étau de la forêt sur lui. Rien à faire, il traverse toutes mes défenses habilement. Les ténèbres avancent toujours plus vite. « Il faut dormir petite fille. Tu vas te fatiguer ! »
Je me recroqueville de plus en plus dans ma tête. Si ça continue, il finira par atteindre ma psyché !
« Qui êtes - vous ? Que voulez-vous ? »
« Je suis le Prince des ténèbres et toi tu me dois une faveur petite fille ! »
Ca y est la dernière barrière est presque dépassée ! Je n’ai plus qu’une solution, le voyage astral. Faire quitter à mon esprit son corps !
Rapidement j’atteins les eaux profondes de mon âme, transcende, me sépare du monde physique. Emportant avec moi la jungle épaisse et impénétrable.
Au loin le cœur s’essouffle. La torpeur de ses faibles battements, laisse le flux sanguin s’épaissir. Mon corps devient inconscient pris dans un coma inertiel.