Le professeur Vallon travaillait sur ce projet depuis plus de vingt ans :
concevoir un vaisseau spatial qui allait lui permettre de voyager aux confins de l’univers et du savoir .
Cet homme de 2 mètres sans compter les talons qu’il portait parfois hauts avait pour vocation folle de s’élever dans les airs et de toujours aller voir plus loin et plus haut.
Mais il aimait aussi et peut être plus que tout les plaisirs terrestres .
C’est peut être pour cela qu’il partageait ses loisirs entre l’observatoire national d’où il pouvait scruter les astres et les boites de nuit d’ou il pouvait toiser le désastre.
Comme de bien entendu il avait fait de longues études.
La physique , la chimie , les mathématiques, l’économie, l’anthropologie n’avaient pas de grands secrets pour lui puisqu’il avait obtenu un doctorat dans chacune de ces disciplines.
Pour être tout à fait complet , ajoutons qu’il obtint aussi ,et cela à temps perdu une maîtrise de langues anciennes.
Ce qui correspond pour le commun des mortels à un approximatif bac plus quarante.
Seulement sept ans lui avaient été nécessaire pour boucler son cursus estudiantin.
Un génie , certainement mais un génie en ébullition pas un génie sans bouillir.
En effet son cerveau était toujours en marche , même lorsque il était embué par la fumée et le whisky et peut être même ces deux ingrédients étaient ils ses meilleurs carburants à neurones.
Il avait tout d’abord pensé à construire un vaisseau spatial classique avec moteur hyper puissant , carlingue résistant à des températures extrêmes et pilotage manuel avec un équipage réduit à lui même.
Ce dont il était sur c’est que durant ce long voyage il n’y aurait pas de contrôle de vitesse ou d’alcoolémie , qu’il n’aurait pas besoin de présenter la carte grise de son engin , ni de souffler dans un ballon.
Et en cas d’accident pas besoin de faire un constat car de toutes les façons il n’en réchapperait pas.
C’est cette idée qui lui fit repenser totalement son projet. En effet pourquoi prendre de tels risques, pourquoi conduire lui même le vaisseau .
Il devait donc rester à terre et piloter son engin depuis le poste de contrôle, ainsi en cas de crash il s’en sortirait et pourrait se descendre une bonne bouteille de Brown and Grey.
Comment un homme plein d’intelligence n’avait il pas pensé à cela plus tôt ?
Parce qu’il était aussi plein de connerie.
Les plaisirs de la vie quotidienne semblaient donc prendre le pas sur le l’excitation de vivre quelque chose de réellement extraordinaire lorsque cette chose risquait de tuer la vie.
Ce soir là il rentra chez lui un peu dépité de devoir trouver un autre concept qui risquait de retarder ce voyage.
Trois œufs sur le plat , une douche, un rasage , un maquillage, une robe et des talons hauts plus tard il monta dans sa voiture qui le conduisit en moins d’un quart d’heure sur le parking de la boite de nuit.
Là travesti en femme personne n’osait venir l’ennuyer imaginez un peut un homme de 1m 80 inviter à danser un travelo de 2 mètres 10 talons compris.
En tous cas cela ne lui était jamais arrivé.
Tranquille il pouvait vider sa bouteille et repartir chez lui plein d’alcool et de certitudes incertaines sur la gente humaine.
Il jurerai qu’il a une sexualité dite normale et que s’il se déguise de la sorte c’est à la fois pour provoquer et pour repousser et qu’en aucuns cas il n’a des tendances homosexuelles.
Qu’il aime la compagnie des humains à condition qu’elle soit lointaine et muette.
Et pendant ce temps là Bobby le chien dormait.
Il fallait maintenant totalement repenser l’engin.
Le concept du vaisseau traditionnel avait fait long-feu.
L’engin devait répondre aux spécifications suivantes :
- ne suivre qu’un seul itinéraire ( la ligne droite) ,
- franchir tous les obstacles,
- aller le plus loin possible,
- se déplacer à très grande vitesse,
- renvoyer sur terre, au poste de contrôle des clichés retraçant sa progression
Vallon avait donc mis au point un concept totalement nouveau et révolutionnaire qui sans trop rentrer dans les détails (qu’il ne veut absolument pas dévoiler) était basé sur l’étude de la lumière.
Une lumière soit, mais une lumière modifiée génétiquement : compacte et matérielle.
Vallon l’appelait la lumière dure.
Cette lumière produite sur terre avait la particularité de pouvoir traverser toutes les matières connues jusqu’alors, de se propulser un milliard de fois plus vite que la lumière normale.
Autre particularité cette lumière dure pouvait renvoyer sur son point d’origine l’image de ce qu’elle venait de traverser. Pour cela il fallait jouer sur la vitesse.
On la réduisait et alors l’image via un fragment de lumière dure se détachait du noyau de lumière principal et sous l’effet de cette baisse de vitesse reprenait le chemin inverse pour revenir au point d’origine c’est à dire au poste de contrôle.
Là l’image s’affiche sur un écran blanc et il faut l’enregistrer avant qu’elle ne meurent définitivement.
Dans le même temps il fallait ré-accélérer l’image dure afin qu’elle continue sa course et ne revienne pas en bloc vers son point d’origine.
A terre Vallon depuis son poste de contrôle devait donc accélérer ou ralentir la lumière dure à bon escient et enregistrer le résultat.
Et pendant ce temps là Bobby le chien dormait .
Tout était fin prêt , la lumière dure était produite et il ne restait plus qu’a la libérer ;
Q’allait t’il découvrir , Dieux peut être mais quelle forme pouvait il bien avoir ?
Le générateur de lumière dure tournait à plein régime , dix, neuf,(bœuf) huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux , un, zéro.
La lumière partie dans un silence fracassant.
Le premier cliché reçu moins de deux seconde plus tard montrait une planète bleue .
Du déjà vu .
Et pendant ce temps là Bobby le chien dormait.
Ensuite les clichés firent apparaître les différentes planètes du système solaire , les diverses galaxies .
Pour le moment on était en territoire connu.
Tout se passait pour le mieux Vallon contrôlait bien la vitesse de sa lumière dure et l’enregistrement des images revenues sur terre ne posait aucun problème.
On, découvrit après quelques heures d’attente de nouvelles planètes , l’univers n’en finissait pas de ne pas avoir de fin.
D’autres clichés attestaient la présence de filets de liquides rouges dans l’espace.
Là on rentrait réellement dans l’inconnu.
C’est à cet instant que Vallon confia les rennes de son voyage à son assistant.
Cet assistant répondant au doux et chantant patronyme de : Gunther.
Celui ci avait pour habitude de se taire et de faire ce que lui ordonnait Vallon.
- Il est vingt deux heures. Je m’absente jusqu’à 4 heures du matin , vous savez ce qu’il vous reste à faire , nous avons suffisamment répété.
Gunther répondit par l’affirmative d’un mouvement de tête.
Vallon avait totalement confiance en son collaborateur et il claqua la porte l’esprit tranquille.
Mais comment pouvait il renoncer à découvrir en direct ce qui ne manquerait pas de révolutionner tout ce que l’on croyait connaître.
Laissait il la primeur de cette découverte à Gunther afin de le récompenser de sa fidélité ou bien ne pouvait il pas se passer en ce grand soir de partir se saouler la gueule en boite de nuit entouré de ses congénères muets et ignorants.
La pluie n’était pas au rendez-vous , le soleil non plus mais c’était normal car il faisait nuit.
Seule la lune et les étoiles veillaient sur vallon et il se sentait bien sur ce trottoir qui le menait vers ce club.
Exceptionnellement ce soir pas de déguisement, il rentrerait dans cet endroit de perdition brut de décoffrage.
Mal rasé , jean délavé ,tennis sans talon banal en somme.
Le videur ( un nouveau que Vallon ne connaissait pas) le laissa entrer avec le sourire de celui qui ne manquera pas de vous casser la gueule si vous faites le con..
Il s’installa à sa table et commanda sa sempiternelle bouteille de whisky.
Il la sirota comme d’habitude et une femme vint même s’installer à sa table.
Josiane ancienne étudiante en astrophysique avait reconnu celui qui avait été brièvement son professeur.
Elle se rappela à son souvenir et celui ci fit mine de se rappeler son ancienne élève.
Et il bavardèrent de la sorte toute la soirée.
L’alcool déliant les langues ils en vinrent même à se les mélanger.
Et pendant ce temps là Bobby le chien dormait.
Mais que se passait il au poste de contrôle ?
Gunther se débrouillait bien il accélérait et ralentissait la lumière dure de belle manière et l’enregistrement des photos se passait bien.
Mais le plus important était quand même de savoir ce que représentaient ces clichés.
Dans l’ensemble on ne pouvait pas en dire grand chose si ce n’est qu’après avoir reconnu ce que l’on connaissait on ne pouvait distinguer qu’une masse informe des couleurs tirant sur le rouge.
Il fallait attendre encore.
Soudain le chien lointain Bobby senti une minuscule piqûre se gratta puis se rendormi.
Deux minutes plus tard un cliché (le dernier) parvint au PC.
On y voyait un Saint Bernard à moitié endormi qui levait une patte pour se gratter l’oreille gauche.
Gunther était stupéfait , mais oui c’était cela il fallait bien se rendre à l’évidence nous vivions dans un chien.
Notre système solaire n’est ni plus ni moins que quelques cellules de ce chien.
La terre n’est qu’une cellule de chien que l’homme s’évertue a modifier ce qui risque de provoquer un cancer à ce pauvre chien et nous serons bientôt brûlés par une séance de radiothérapie vétérinaire.
Donc Messieurs les pisses froids écolos, au pire nous ne risquons que de provoquer une tumeur à un chien il n’y a donc pas de quoi la ramener avec la protection des espèces vivant dans ce chien.
Ce chien vit il lui même sur une terre qui ne serait qu’une cellule d’un autre être vivant ?
Serions nous dans un système de poupées russes vivantes ou tout ce qui nous paraît immense n’est que minuscule pour celui dans lequel nous vivons ?
Nous résidions donc dans un chien et plus précisément des calculs le démontreront plus tard dans le trou du cul d’un Saint Bernard.
Ceci expliquant les mauvaises odeurs qui planent parfois sur notre belle planète.
Cela relativisait quelque peu des notions comme celle de Dieu , d’art et de poésie.
Vallon de son coté sortait du dancing en compagnie de Josiane .
Ils se roulaient des pelles quand soudain il prit un coup de pioche sur la tête et mourut instantanément .
Le videur fraîchement embauché et accessoirement ancien pensionnaire de l’asile St Barthélémy venait de frapper une nouvelle fois.
Vallon disparaissait ainsi sans savoir qu’il habitait dans le trou du cul d’un chien.
Heureusement car je pense qu’ une telle découverte aurait pu le tuer.