Je suis en plein rêve, mais là, au bord de ma conscience, mon oreille a capté le bruit caractéristique de la clef qui s’enfonce dans la serrure.
Mon cœur bondit de joie, mon corps a un peu de mal à suivre, alors je l’étire. D’abord mon dos puis mes pattes, enfin je secoue la tête et cours dans le couloir.
Je saute comme un cabri, elle me traite de fripouille et me dit de filer dehors soulager ma vessie.
Il pleut à verse, je file droit sous le bosquet pour ne pas être trop arrosé pendant que je lève la patte. C’est que j’ai mes petites habitudes.
Aussi vite que mes quatre pattes me le permettent, je reviens sous le porche. Elle m’attend avec la serviette de bain, un peu trouée et élimée, mais j’adore quand elle me frotte la fourrure. Je me trémousse et je lève la tête essayant de lui lécher son visage penché sur moi. Elle m’esquive en riant. Toujours le même jeu, la même joie.
Je la suis, puis la précède pour entrer dans la cuisine. Assis juste devant le frigo, je frétille d’impatience dans l’attente de mon « croc-pain ». Je l’attrape presque à la volée et à son « tapis », je vais m’allonger sur le carré de moquette devant mon panier. Je croque, déguste (euh rapide, vraiment rapidement) et finis par lécher les miettes autant par gourmandise que pour la propreté de mon petit territoire.
Pendant ce temps, elle a mis une tasse dans la boite qui fait ronron, puis bip bip bip. Elle ouvre la porte avec la main gauche, prend sa tasse avec la main droite et ferme les yeux quand la première gorgée coule dans sa gorge.
C’est marrant, parce qu’après elle dit toujours « ah, ça fait du bien ». Donc, j’en ai déduit que c’est le nom de la boisson. Pourtant, ça a la même odeur que le liquide qui sort de l’autre machine qui crachouille et ne bip pas, celle-là, et qu’elle appelle café quand elle en sert à ses amis. Bizarre ces humains.
A suivre ...