On raconte que, parfois, il faut choquer pour obtenir l’attention des gens. Eh bien, je vous jure que c’est bien là quelque chose que je ne nierais plus ! Je m’explique.
L’autre jour, c’était cours de chimie. Vous savez, le genre de cours qu’on écoute surtout pour se donner bonne conscience, qu’on sait qu’on va rien comprendre mais sur le moment, on est un peu… Enfin, vous avez été étudiants avant moi, vous savez bien ce que je veux dire. Or donc, nous autres, jeunes étudiants actuels, étions plongés, comme à l’accoutumée, dans cette douce torpeur léthargique, tellement typique que certains (et l’on ne saurait trop leur donner tort) en viennent à considérer que c’est là la caractéristique principale de notre génération.
Cependant, soudain, une toux rauque retentit dans notre auditoire. Rien de bien anormal, jusque là, et certainement rien qui soit de nature à nous tirer de notre langueur étudiée ; par contre, les râles qui s’ensuivirent n’avaient rien, rien du tout d’ordinaire.
Nous n’avions jamais eu l’occasion d’entendre quelqu’un s’étouffer, heureusement ; mais le plus ignorant des enfants aurait reconnu en ce jeune homme plié en deux, rouge carmin, les mains serrées sur la gorge, tous les signes de la « détresse respiratoire » (pour parler en jargon médical, il faut bien que je fasse semblant d’apprendre quelque chose). Et il inspirait, désespérément, et ça sifflait !
J’ai eu peur.
Sincèrement, rien ne me vint à l’esprit. Il n’y eut que la panique de voir ce jeune de mon âge en train de mourir, suffoquant sur son banc, en cherchant désespérément une bouffée d’air, et personne n’intervenait, personne ne savait quoi faire, et tous, on avait peur.
Enfin, il y eut eu des réactions. Un étudiant se leva, appliqua une méthode au nom tout ce qu’il y a de plus barbare afin de dégager ses voies respiratoires et je jure que jamais, de ma vie, je ne fut aussi soulagée qu’en voyant jaillir soudain de la gorge de l’agonisant un immense objet blanc. Je crois que 600 cœurs se sont remis à battre presque normalement.
L’histoire aurait pu s’arrêter là.
Mais notre miraculé alors s’est subitement levé, dévalant les escaliers, suscitant nos interrogations. Nous n’osions comprendre, en le voyant prendre le micro des mains de notre prof.
Alors l’écran géant se vida des acides et des bases de notre très chère chimie, pour laisser apparaître la clé de cet effrayant épisode : BEPS, Brevet Européen de Premiers Secours, présentation.
Je crois qu’on l’aurait tué.