A l’aube de mon humanité on m’appelait R ! J’ai huit ans aujourd’hui et je me nomme H .
12 février 1943 ! C’est le jour de mon anniversaire. La France est triste, le ciel, le soir, un peu trop gris, les allemands un peu trop verts . Je ne peux pas dire si j’ai peur finalement car je ne connais pas la peur mais je connais la crainte ! Est-ce que la crainte est moins grande que la peur ?
Ils sont là, mais aussi ailleurs, un peu partout comme des rats qui envahissent les champs, les fermes, les villes. J’essaye de les ignorer mais je n’y arrive pas. Hier je m’appelait R pourquoi aujourd’hui je serais H ?
La plaine s’endort doucement d’un soleil endolori, je sombre moi aussi dans la torpeur de la nuit.
Hier, Papa se levait ! Il avait une curieuse allure dans son pyjama rayé ! J’ai éclaté de rire en le voyant, lui, comme d’habitude maugréait.
Grrrr alors fiston tu n’as jamais vu un bagnard ? me lançait il en riant !
Ses mains tentaient d’attraper mes hanches mais je filais aussi vite que l’éclair vers un refuge qu’il soit un meuble, des jambes ou n’importe quoi.
Alors il m’appelait en cherchant des yeux :
Fiston, mon petit, où es tu ? Ou hou, le grand méchant loup ! C’est papa !!
Et d’un geste vif et leste je me retrouvais au dessus de sa tête et nous riions ensemble.
Je dors..
Mes mains sont froides, je sens que l’on pousse la couverture. Dehors le ciel est en feu, le ciel gronde de bombes et de sang que les pierres des immeubles engloutissent dans la boue visqueuse de la folie humaine !
a suivre..