Pour ceux qui en douteraient l’île Carn existe bien, se situe à cinq minutes de chez moi et à quelques encablures (environ mille cinq cents mètres) de l’endroit où l’Amoco Cadiz a sombré en mars 78.
Comme décrit dans le poème intitulé Carn, cet îlot à deux cents mètres de la côte est accessible à pied à marée basse quelque soit le coefficient de cette dernière et comme hier il faisait un temps magnifique j’y suis allé en « pèlerinage » afin de retrouver l’ambiance de ce lieu bien particulier.
C’est un bout de terre (un hectare et demi) couvert d’herbe de dunes, seule végétation qui résiste aux vents en bord de mer, dont l’altitude est de dix sept mètres plus les huit mètres du tumulus élevé au sommet.Avant le naufrage de l’Amoco, Carn était connu par les archéologues qui ont commencé à s’y intéresser au XIXe siècle mais n’ont entrepris de véritables fouilles qu’à partir de mille neuf cent cinquante.
Jusqu’à cette époque le tumulus, ou cairn en langue celte, ne représentait pour les goémoniers (encore eux ?) qu’un monticule de pierres de cent mètres de circonférence qui leur permettait de s’abriter du vent, quelle que soit l’orientation de ce dernier ! Personne d’autre ne mettait jamais les pieds sur l’îlot qui avait en outre une mauvaise réputation « légendaire » mais j’y reviendrai !
La mission archéologique des années cinquante savait se trouver devant un tumulus comportant sans doute des chambres funéraires. Les fouilles permirent rapidement de dégager trois entrées distinctes du côté Est qui permirent d’accéder effectivement à quatre chambres funéraires où personne n’avait mis les pieds depuis ...six mille ans ce que confirmera les datations au carbone 14 des quelques objets trouvés sur place. L’accès de ces chambres est toujours possible (avec quand même quelques difficultés car il faut s’engager presque en rampant dans l’obscurité d’un étroit boyau) pour trois d’entre elles où hier encore je me suis faufilé pour faire quelques photos.
Ici ni guide, ni ticket mais pas non plus le moindre panonceau informant les éventuels visiteurs du site !
Quant à la mauvaise réputation elle vient de la légende du Roi Karn, lequel tout comme Midas et tant d’autres, possédait des oreilles de cheval et faisait disparaître les jeunes gens et jeunes filles qui passaient par là...jusqu’au jour ou le barbier qu’il avait fait venir dans son château situé sur l’îlot lui trancha tout bonnement la tête !
Carn connut d’autres locataires pour quelques années quand la Wehrmacht y fit construire un blockhaus et une tourelle avec un canon de 37 qui ne fut jamais utilisé. Si le canon n’y est plus, le blockhaus existe toujours car eux aussi construisaient « solide » !
Il ne vous reste plus qu’à humer l’air de ce lieu historique et préhistorique,de préférence par beau temps et en fin de visite je vous invite à prendre un pot à la maison !
JCJ Septembre 2007