Si l’Empereur romain Vespasien, au tout début de notre ère, avait eu la bonne idée d’installer des urinoirs publics, le « Vas necessarium » était utilisé depuis l’Antiquité et fut souvent, comme aux siècles suivants, objet de snobisme. A Rome, sous le règne de Cicéron, les nouveaux riches les voulaient en bronze de Corinthe et la noblesse française en utilisa, dit-on, en argent massif alors que Mazarin se contentait d’un exemplaire en verre.
Je vous concède que le nom latin, vas necessarium, est quand même plus élégant que la dénomination française de ce récipient que nos lointains ancêtres appelaient le « pot à pisser ».
Dès Louis XI ce réceptacle fut installé sous ce qu’on nommait alors chaise de retrait ou chaise d’affaires. On dit que Louis XIII tenait audience sur cette chaise, percée mais toujours parée de velours et autres armoiries royales, au point qu’un jour son bouffon lui déclara…
« Il y a deux choses dans votre mestier dont je ne pourrois m’accommoder, c’est de manger seul et de chier en compagnie. ». Louis XIV recevait, dès le lever et dans les mêmes conditions, les quelques privilégiés qui avaient obtenu un « brevet d’affaires »… si j’en crois les historiens.
A Versailles, il existait environ deux cents chaises de ce type réservées aux milliers de courtisans…et courtisanes qui s’y pressaient, installations trop peu nombreuses d’où les « cabinets de verdure » que l’on trouvait dans les jardins, un "petit coin" d’où il était difficile de ne point revenir crotté.
Le Parisien devra attendre 1771 pour voir apparaître les premiers « barils d’aisance » installés au coin des rues.
Quant à moi, je me souviens du fameux pot de chambre, ou vase de nuit, ainsi que du peu ragoûtant seau hygiénique qui, pour moi comme bon nombre de mes contemporains, restèrent fonctionnels jusqu’au milieu des années soixante, sans oublier la cabane au fond du jardin…
C’était l’époque où les ruraux, chez lesquels j’ai vécu quelque temps dans mon enfance, profitaient en hiver de la chaleur des étables, écuries et autres bergeries, pour satisfaire ces besoins naturels tandis que l’été ils bénéficiaient de leurs propres « cabinets de verdure » agrémentés du gazouillis des petits oiseaux ou d’un poétique rayon de lune…
Avril 2012