Itzamma fils de Hunab, le Dieu créateur, se perdit un jour au cœur d’une forêt si dense et si haute que le soleil ne put le guider. Il marcha des heures et des heures, croyant reconnaître à chaque détour le chemin qui le ramènerait à la lisière.
A bout de force, désemparé il s’assit sur une pierre au bord d’un ruisseau et là, en se penchant pour boire, il vit le visage d’un enfant se refléter devant lui dans l’eau cristalline. Il releva la tête et son regard croisa celui d’un petit indien aux grands yeux noirs et confiants. Celui-ci, sans dire un seul mot lui fit signe de le suivre. Itzamma tout d’abord étonné sauta sur les rochers qui servaient de gué naturel et suivit son surprenant guide jusqu’aux portes d’une cité fleurie, véritable paradis au cœur de la selva inhospitalière
Il fut reçu par un peuple sage et doux qui reconnut tout de suite en lui, le fils du fondateur et qui l’accueillit au sein de la tribu en digne souverain.
Une jeune indienne aux yeux de braises lui apporta l’eau qu’il réclamait mais en échange lui déroba le cœur. Ses yeux ne pouvaient se détacher de la belle Xtabay et il décida de rester là, vivant en simple mortel pour épouser celle que son cœur avait choisi.
Un jour le vent apporta au village les échos d’un drame qui se jouait dans le fleuve voisin, un voyageur tentait d’échapper à un anaconda gigantesque. Itzamma, n’écoutant que son courage et suivi de ses guerriers armés de sarbacanes et de lances enduites de curare portèrent secours à l’infortuné. L’animal était gigantesque et impressionnant mais Itzamma de l’eau jusqu’à la taille lutta contre lui à mains nues et sauva l’étranger d’une mort certaine.
On le ramena au village et Xtabay comme le voulait la tradition, en digne épouse de chef, pansa ses blessures et épongea son front. Les cheveux blonds et les yeux bleus de l’étranger touchèrent l’âme de la jeune femme et le charme de celle-ci ne laissa pas indifférent le bel explorateur.
Alors, une nuit les deux amants s’échappèrent pour vivre leur amour au cœur de la jungle.
Fou de colère Itzamma , Dieu du ciel, tendit les mains vers les nues du haut de la grande pyramide et une à une éteignit toutes les étoiles. Il ordonna à la lune de se cacher et interdit au soleil de se lever. Les ténèbres s’abattirent alors sur les hommes pétrifiés par la peur.
Quand l’ombre eut posé sur la forêt son large manteau glacé, il reprit sa forme divine, celle d’un jaguar aux yeux d’or et se mit en chasse.
Au petit matin, il dévora l’amant et l’infidèle. Alors, l’aube put enfin se lever !