Il n’y a pas si longtemps,
je me suis retrouvé face à un mur. Il avait surgit là, d’un seul coup. Hier il n’était pas là et ce matin, il était dressé devant moi, imperturbable, insondable, inexpugnable, sourd à tout dialogue. Aucun mot, aucune parole ne semblait l’atteindre, impossible de savoir pourquoi il était là, ni qui l’avait dressé ainsi, rendant toute communication avec l’autre côté impossible. Tout d’abord il m’a paru lisse, sans aucune prise me permettant de grimper pour tenter de voir ce qu’il me cachait maintenant et que je ne devais pas ou plus voir. J’ai bien tenté de le contourner, mais c’est comme s’il n’avait pas de fin, plus je le suivais et plus il paraissait interminable, infranchissable. Il me donnait même l’impression que plus je tentais de comprendre, plus il devenait "agressif", plus il devenait "monumental". Lorsque je tentais de parlementer avec lui, il se mettait à gronder, à vibrer, il devenait même menaçant, refusant tout dialogue, refusant toute ouverture et son aspect lisse devenait rugueux, des aspérités acérées m’interdisaient tout contact physique, au risque de me blesser. Je n’avais qu’un seul mot en tête "Incompréhensible".
Que s’était-il donc passé entre hier et ce matin qui justifie ce bannissement aussi soudain qu’inexplicable ?
Qu’avais-je donc bien pu faire, ou ne pas faire pour subir cette injustice ?
Je me suis rongé les sangs, posé des questions, remis en cause, je devais être coupable de je ne sais quoi, sinon comment expliquer autrement ce brutal et radical changement de situation ? Puis finalement, je me suis dit que le coupable ce n’était pas moi, le coupable c’était le mur, et puisqu’il continuait de refuser de s’ouvrir, puisqu’il continuait à vouloir rester sourd à toute explication rationnelle, j’allais donc faire comme si le mur n’avait pas d’existence concrète. Ce n’était pas le premier mur, ni sans doute le dernier qui s’érigeait ainsi tel un despote, imbu de lui même. On sait ce que l’histoire a fait de ces murs, qu’ils soient de Chine, de Berlin ou d’ailleurs, qu’ils soient de pierres ou de barbelés, quels qu’ils soient, les murs, un jour finissent par tomber...
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Le mur
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