Ce matin là il frappa d’un coup sec le sol avec son bâton et l’eau surgit, une eau claire, limpide, bouillonnante sur l’herbe rase de la montagne. Une eau si étincelante au soleil, que les reflets tellement brillants aveuglèrent le vieil homme. Le fil de l’onde glissa entre ses pieds courant en tous sens à la recherche d’une mère, d’une rivière.
Mais au pied de l’Ubac, les pierres déposées autrefois par Atlas et Vulcain, imposant leur volonté, stoppèrent la folle course des flots éclatants. Les roches de porphyre noir furent lentement submergées en silence dans le tumulte de la cataracte.
Au soir, le vieillard s’assit sur la grande pierre tout en haut de la montagne et sa silhouette se détachant dans le ciel orangé, il regarda dans le calme absolu ce rond lac dont l’onde fragile semblait s’être tendue comme un papier de soie.
Alors dans un dernier geste il lança son bâton qui virevolta un instant dans l’azur avant de déchirer le miroir du gour.