-Fille de Chicoutimi, en me perdant le soir dans les ombres du ciel, j’ai peur de tous ces yeux.
-Tu ne dois pas craindre les yeux de la nuit, enfant. La nuit est remplie de promesses. C’est le jour qui contient toutes les défaites.
-Raconte alors..
-Ne sois pas si pressée. Ah, cet autre sang qui coule dans tes veines, comme il fait mal à ta part Cheyenne. Fais en couler les humeurs noires et guerrières en te piquant dans cette flèche demain. Je t’aiderai .Pour l’heure...
Je vais te raconter et apaiser tes peurs.
Il y a bien longtemps, bien avant que les loups
Ne sortent du néant Premier et sa compagne
Désordre était le maître. Il rongeait les montagnes
Buvait fleuves et nuages, mangeait les caribous
Et dévorait les hommes sans grand discernement
Le monde allait s’amenuisant.
Près de notre rivière allait une grande Ourse avec ses deux petits quand elle trouve abri pour interrompre un peu leur périlleuse course car il faisait grand froid.
Mais le chef n’entend pas
Laisser son ennemie empiéter sur ses droits
Et c’est le cœur serré que les louves préparent
Le loup gris au combat.
La mère défendit ses enfants sans pitié
Elle, ne fut que blessée et repartit plus loin en laissant derrière elle
Le corps déchiqueté
Du Loup. Dans les prunelles
Des bêtes ne coulaient ni larmes ni chagrin.
Mais du feu de leurs yeux elles firent un chemin
Dans cette nuit de sang.
Sur une rampe d’or
Qui se perdait au ciel
La fourrure, le corps
Et le regard de miel
De leur chef bien -aimé
Furent ainsi soustraits à la faim qui guettait
Entre les dents
Du vent.
Depuis la nuit allume
Les âmes disparues
Poil plume
Peau nue...