-Fille de Chicoutimi, Mère, dis moi pourquoi certains soirs sur le bord de mer, j’entends la pierre crier...
-Ecoute enfant..
Lorsque la brume roule
Son manteau sur la mer
Lorsque danse la houle
Et que tous les bateaux
S’en sont partis au loin
Les femmes sont inquiètes et de leur cœur amer
Jaillit le long ruban d’une douce prière
Qui file sur le sable..
Mais le sable est petit,
Il ne sait pas quoi faire
De ce cri.
Alors, il se ramasse en dunes
Sur elles rebondissent les pensées de la Lune.
-Que raconte ce cri, Mère, que raconte ce cri comme un ruban lancé ?
-Ce cri , enfant, demande
Aux vagues affamées
De ne pas engloutir les promeneurs de l’eau,
De garder sur le sable la trace de leurs pas
Et l’odeur de leur corps
Qu’ils retrouvent chemin.
-Mais que fait la Lune, Mère, que fait la Lune ?
-La Lune, enfant, découpe dans le ciel
Papier plié de nuit, papier repli de vie,
La lune de ses ciseaux
Découpe des oiseaux,
Les jette au bord de mer.
Leurs ailes mélodiques appellent alors le vent
Et le vent les dépose au sommet d’un Rocher.
Leur regard est ouvert sur les blessures du monde,
Sur ce qui cicatrise,
Saigne
Ou féconde.
Dans la chair du rocher, les cris deviennent lueurs
Nébuleuses de voix tanguant vers l’océan
Paysage qui parle
Aux marins aveuglés
Que la mer voudrait tant effacer....