Quand je me suis levé, une grosse tristesse grise et molle était assise sur le coin de mon lit.
Je ne sais pas exactement comment elle était entrée, ni même pourquoi elle était là.
Elle m’a suivi dans la cuisine et elle m’a regardé avec son sale petit genre pendant que le café gouttait dans le perco.
Je m’en suis servi une tasse, dans laquelle j’aurais voulu verser du lait, mais cette salope l’avait fait tourner pendant la nuit.
Les tristesses n’aiment pas parler. Les tristesses n’aiment pas la radio. Ni la télé.
Alors j’ai rien fait, j’ai bu mon café, noir, en silence.
Faut pas chercher des noises aux tristesses, c’est une sale race.
La douche. Première clope.
Comme l’heure avançait, j’ai commencé à lui expliquer qu’elle ne pourrait pas venir au boulot avec moi. Je devais bosser sur le dossier Parker Jones & Robert’s et de toute façon un Target Marketing Manager ne vient pas au bureau avec sa tristesse. C’est contre-productif.
Tout en parlant, j’ai monté l’escalier vers la chambre de mon fils, où de toutes façons il ne viendrait plus, et j’ai ouvert sa porte.
Elles étaient toujours là. Assises sur le lit, la table ou à même le sol. Toutes mes tristesses matinales passait le temps. Elles discutaient entre-elles du choix des posters, se demandaient pourquoi le basket plutôt que le football et ce qu’on pouvait bien trouver de si fantastique à Marilyn Manson...
Ma tristesse de ce matin est rentrée pour les saluer.
Moi j’ai refermé la porte, et je suis parti bosser.
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Grise et molle.
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roman minuscule.
Oui, c’est vrai, Mr Leclair.
Tout a fait, Mr Leclair...
Un empêchement.
Ça m’arrive trop souvent, vous avez raison, Mr Leclair...
Ça n’arrivera plus.