J’ai la bouche pleine de sang mon amour, quand je rentre chez nous.
Mes mains sur le volant s’éclairent par saccades stroboscopiques de l’orangé des lampadaires.
J’écoute de l’opéra et je roule trop vite.
J’ai la bouche pâteuse, la tête pleine d’images vermillions, d’instruments de torture et d’acier chirurgical.
Je me gare.
Je prends mes outils.
Je passe devant la fenêtre et ton visage change à ma vue.
Tu as laissé la porte ouverte. C’est dangereux.
Le couloir. Trois Manteaux. La cuisine. Toi.
Tellement belle. Tellement.
J’ai la bouche pleine de sang mon amour, quand tu ramasses accroupie les morceaux de l’assiette que tu as laissée glisser de tes mains en me voyant dans l’allée.
Ça me fait plaisir, ça.
Je te fais encore de l’effet après toutes ces années.
J’ai mal, mais ça ne durera pas...
Tu es belle accroupie.
Les yeux grands ouverts et la lèvre serrée entre les dents.
Tu me rends dingue. Tu m’as toujours rendu dingue.
Moi et ma bouche pleine de sang on s’approche de toi tandis que tu te relèves et que tu perds un peu l’équilibre.
Ton cou. Ton cul. Mes Mains. Ton ventre. J’ai dans la tête le bruit de la chair que l’on déchire. Et puis ce goût de fer.
Je reviens de chez le dentiste, mon amour.
Et j’ai envie de toi...