Ce matin mon médecin m’a dit : vous avez un abcès dans le cœur.
Un abcès dans mon cœur.
Comme ça.
Tout simplement.
Une boule de moi, qui gonfle en moi, sans pouvoir exploser et qui finira par péter en entraînant ma mort. Une boule de cœur, dans mon cœur obèse, qui au lieu d’exploser, par petites explosions discrètes, à préféré s’enfler en attendant le jour.
Et moi maintenant j’attends, sur un banc en plastique, que l’on vienne m’opérer.
Enfin, que l’on me donne une chambre et que l’on m’opère demain.
Mais qui oblige les hôpitaux à peindre les murs de ce vert là ? ?
J’ai pas aimé assez, je crois.
ça doit être ça.
Un abcès, gonflé. Un terroriste planqué, une couscoussière sous le plexus, pleine à craquer de TNT.
Ils disent qu’ils vont me l’enlever. Que c’est une intervention lourde, mais que ça ira.
Chaque fois que mon cœur a failli s’ouvrir, il a renoncé à perdre un peu de son pus. Pour des raisons étranges, à chaque fois.
Il avait peut-être raison, en fait.
Peut-être que s’ils me l’enlèvent pas, je vais sortir et que la vie me donnera une raison pour que cet abcès explose et que son pus, au lieu de me tuer, me ranime, qu’il me donne cette lave, que tous semblent connaître et qui les fait trembler...
On est mal assis sur leurs bancs.
Il faut pas qu’ils l’enlèvent.
Je vais sortir d’ici.