Deux types sur une moto au coin de la rue.
Mon café qui fume. Trop long, le café.
Paris qui sera toujours Paris, et mon accent sicilien qui disparaîtra jamais.
Trop vieux pour changer ça.
Mal au dos, au crâne un peu.
Les parisiens sont comme ces petits chiens hystériques qui aboient tout le temps, mais qui ne mordent pas. Des petits chiens de montagne avec des attachés-cases et des ordinateurs portables.
J’aimerais que mes images disparaissent. Toutes ces images de Caltanisseta, aussi rude qu’elle est belle, avec son goût d’origan, de sang et de fleurs de courgettes.
Vingt ans pourtant. Vingt ans sans reposer le pied sur l’île.
A attendre chaque mois la pension que l’état italien me verse et me permet de vivre comme un pensionné français, en buvant des cafés et en nourrissant les pigeons.
C’est con, un pigeon. Mais ça vole.
Il est onze heures du matin. La lumière est grise et les nuages bas.
Bien sur, je manque de soleil ici, mais je manque aussi d’ombre.
Je vais aller m’asseoir dans le square.
Leurs cafés trop long sont aussi trop chers.
Ma monnaie dans la petite soucoupe en simili bambou que reprend le serveur.
La porte en verre, la moto qui démarre d’un coup, puis cette douleur dans le ventre.
Le ciel, puis le sol. Le silence, enfin.
Leur truc de protection des témoins, ça marche pas bien.